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Police-Justice

Vols d’or à l’arrachée : comment lutter ?

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Agressé mercredi pour un collier en or, un octogénaire de Montpellier se trouve entre la vie et la mort. Deux de ses trois agresseurs présumés seront déférés ce vendredi devant la justice. Les vols d'or à l'arrachée se multiplient un peu partout en France.

A 83 ans, un homme a été frappé avant d’être victime d’une crise cardiaque mercredi, à Montpellier. Il protégeait sa femme de trois agresseurs qui voulaient s’emparer de son collier en or. C’est grâce au témoignage d’une infirmière violentée quelques minutes plus tard au même endroit que les suspects ont pu être arrêtés. Deux d’entre eux seront déférés ce vendredi devant la justice.
Le phénomène de vol à l’arrachée de colliers en or a explosé depuis quelques semaines, et les cours élevés de l’or (1 600 dollars l’once, soit 31 grammes) y sont pour beaucoup. A Paris et dans sa proche banlieue, on en a comptabilisés 400 au mois de mai, contre 154 en avril, soit une hausse de 260%. Des colliers qui sont ensuite écoulés dans les filières parallèles, mais aussi parfois les boutiques d’achat d’or.

« Certains acheteurs d'or représentent une gangrène, il faut les éliminer »

Devant la recrudescence du phénomène, le ministère de l’Intérieur souhaite mieux encadrer et mieux sécuriser les opérations de rachat d’or aux particuliers. Jacques Gonthier est expert à la bijouterie Bottazzi, spécialiste de la revente d'or dans le 9e arrondissement de Paris : « Depuis le mois d’août dernier, les bijoutiers ne sont absolument pas autorisés à payer en espèces, quel que soit le montant. Par téléphone, les gens demandent d’emblée comment on règle et quand on leur dit "par chèque", ils raccrochent. Ça refroidit beaucoup de vendeurs. »
Smail Bachar, responsable d'une boutique d'achat d'or dans le 10e arrondissement de Paris, a décidé de jouer le jeu : « On doit peut-être refuser 20 à 30 clients par jour qui veulent absolument être payés en espèce, donc on rachète beaucoup moins d’or qu’avant. » Mais tous ne font pas comme lui, comme l’explique Jacques Gonthier : « Depuis que l’or a flambé, certains se sont inventés acheteurs d’or. Ils ne respectent pas la règle, sont peu regardants sur la provenance et payent en espèces. Pour la profession, ils représentent une gangrène. Il faut les éliminer. »

« Nous avons besoin de centraliser les informations »

Les actions conjointes de la police, des impôts et de la douane ont déjà porté leurs fruits. Gilles Aubry, sous-directeur de la police judiciaire de Paris : « Depuis le 1er janvier, on a contrôlé plus de 30 établissements sur l’agglomération parisienne. On a plus de 8 kilos d’or saisis, et des dizaines de milliers d’euros d’amende douanière. »
Le commissaire Anthony Defreitas est adjoint au chef de la Sûreté départementale des Bouches-du-Rhône à Marseille. Pour lui, la lutte contre le commerce de bijoux volés passe par la création d'un fichier informatique chez les négociants : « La difficulté policière, c’est que nous tenons des registres papier. Comment faire le rapprochement d’une personne qui va dans 10 établissements pour vendre un collier à chaque fois ? Il y a beaucoup de gens en période de crise qui vont vendre leur or parce qu’ils en ont besoin, et les vols à l’arrachée représentent au grand maximum 2 kilos d’or par mois à Marseille. Ces deux kilos, fondus parmi les 400 kilos qui transitent par le réseau professionnel marseillais, c’est une goutte d’eau. Nous avons besoin de cette centralisation des informations, je considère que c’est l’un des freins essentiels à l’action de la police dans le contrôle des bijouteries. »

La Rédaction, avec Claire Andrieux