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Violences, vol, faux... Quatre policiers de la CSI 93 jugés à Bobigny

Tribunal de Bobigny (illustration)

Tribunal de Bobigny (illustration) - AFP

Quatre anciens policiers de la Compagnie de sécurisation et d'intervention de Seine-Saint-Denis sont jugés pour violences, vols et faux en écriture. Ce sont ces faits qui ont révélé les méthodes illégales de cette unité.

Un contrôle qui tourne au passage à tabac. La vidéo avait largement circulé sur les réseaux sociaux à l'été 2020 provoquant la polémique autour des méthodes de "ripoux" employées par des policiers de la Compagnie de sécurisation et d'intervention de Seine-Saint-Denis (CSI 93). À l'époque, le préfet de police de Paris avait annoncé la dissolution de la CSI 93. Une refonte de la compagnie avait finalement été décidée.

Quatre d'entre eux sont jugés ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour "violences", "vol par personne dépositaire de l'autorité publique", "faux" et "atteinte arbitraire à la liberté individuelle", à savoir deux interpellations arbitraires au cours desquelles des violences avaient été commises.

Sac de drogue

Le 30 mai 2019, à Saint-Ouen, un équipage de la CSI 93 tourne dans le centre-ville et réalise des contrôles d'identité de manière aléatoire. Les jeunes s'y soumettent sans contester. Mais sans que Jonathan se rende compte, le brigadier-chef Riahd B. dépose un sac à ses pieds avec l'intérieur de l'herbe, avant de le ramasser et de simuler de découvrir de la drogue. Ce qui lui permet de justifier ce contrôle.

"Si tu voulais un motif de contrôle, en voilà un", lance au jeune homme le brigadier-chef.

Jonathan proteste. Il est alors plaqué au sol et frappé. Les policiers l'interpellent pour outrage et violences sur personne dépositaire de l'autorité publique. "Il a cru qu'il allait mourir", confie Me Raffaëlle Guy, son avocate. Victime d'une clé d'étranglement, il a eu une côte cassée, ce qui lui a valu 10 jours d'Incapacité totale de travail (ITT). "Mais le traumatisme ne se mesure pas en ITT", poursuit son avocate.

Des vidéos de la scène

Un autre homme, Louqmane a tout vu, le dépôt du sac par le policier au pied du jeune homme, et les violences. Il a d'ailleurs sorti son téléphone et a tout filmé. L'un des coéquipiers du brigadier-chef s'en rend compte et lui arrache son appareil et les policiers le frappent. Il est lui-aussi interpellé.

Placés en garde à vue, Jonathan et Louqmane dénoncent les violences qu'ils ont subies. La caméra d'une épicerie va les sauver. Le contrôle policier a été intégralement filmé et les images montrent les violences commises par les policiers. Une enquête préliminaire est ouverte et confiée à l'Inspection générale de la police nationale.

Six policiers sont interpellés le 29 juin 2020. Placés en garde à vue, ils seront rapidement mis en examen. Un audit des procédures menées par les agents de la CSI 93 est également mené pour retrouver d'éventuelles autres plaintes qui auraient été déposées contre la compagnie.

D'autres procédures toujours en cours

De cette affaire a émergé une vingtaine d'autres procédures judiciaires visant des faits similaires. Pendant l'instruction, des sonorisations avaient été menées dans la voiture et le vestiaire de la CSI 93. De la drogue avait aussi été découverte près du parking de l'unité. Violences, vols, détention de stupéfiants ou encore des falsifications de procès-verbaux dans le cadre d'enquête, certains sont accusés d'avoir mis en place un système de racket des habitants des quartiers. L'instruction est toujours en cours.

En 2021, deux policiers de la CSI 93 ont été condamnés à une peine d'un an d'emprisonnement avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer et deux autres ont écopé de quatre mois de prison avec sursis pour une intervention au Blanc-Mesnil. Un autre fonctionnaire de cette unité sera lui jugé devant une cour d'assises. Sa victime, un jeune qui a reconnu dealer de la drogue à Saint-Ouen s'est battu pour au titre qu'il est poursuivi pour "faux en écriture par personne dépositaire de l'autorité publique".

"Mes clients ont accepté la correctionnalisation, précise Me Guy. Ils souhaitent qu'ils ne soient plus policiers."

Les quatre prévenus ne sont, eux, plus policiers. Leur contrôle judiciaire leur interdit d'exercer le métier de policier. Ils sont privés de salaire depuis le 3 juillet 2020. Le conseil de discipline de la préfecture de police de Paris a proposé des sanctions dans un avis rendu l'an dernier. Une décision doit être prise prochainement.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV