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Police-Justice

Violences urbaines à Grenoble : quelles solutions ?

Vendredi 16 juillet, la police lourdement armée sécurise les abords du quartier Arlequin

Vendredi 16 juillet, la police lourdement armée sécurise les abords du quartier Arlequin - -

Voitures brûlées, commerces pillés, scènes d'émeutes... Depuis plusieurs nuits, un quartier de Grenoble s'embrase. Inquiets, policiers, élus et spécialistes du grand banditisme font le point.

Dimanche soir, peu avant 22h30 dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble, un véhicule de la Brigade anticriminalité (BAC) a été visé par deux coups de feu, qui n'ont pas fait de blessé. Depuis le début des violences vendredi, les forces de l'ordre ont été la cible chaque nuit de tirs à balles réelles, sans faire de blessés.
Au total, 20 personnes ont été interpellées. Deux d'entre elles, soupçonnées d'être impliquées dans des tirs contre la police, étaient toujours en garde à vue dimanche soir. De plus, trois jeunes seront jugés en comparution immédiate ce lundi, pour avoir tenté de piller un commerce dans la nuit de vendredi à samedi, au cours de laquelle une soixantaine de voitures a été brûlée et quelques magasins incendiés.
C'est la mort d'un braqueur récidiviste de 27 ans, vendredi, qui a mis le feu aux poudres. Il a été tué lors d'une course poursuite avec la police.

« Des policiers adaptés aux situations »

Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, s'est rendu sur place samedi et a promis de rétablir l’ordre public « par tous les moyens ». Un dispositif sécuritaire de plus de 300 hommes, notamment issus des CRS, du RAID et du GIPN, doit être maintenu jusqu’à mercredi.
Des renforts que Michel Destot, le maire de Grenoble, apprécie, tout en espérant qu’ils soient en partie maintenus « au-delà de la période de crise ».
Pour mettre un terme durablement à cette délinquance, celui-ci prône « des policiers adaptés aux situations » : « il faut, territoire par territoire, adapter les effectifs et les qualifications des policiers, aux besoins, et en revenir à la police de proximité, pour faire baisser le sentiment d’insécurité, aujourd’hui en pleine augmentation. »

« Lutter contre cette petite poignée d’individus très dangereux »

Refusant de comparer sa ville à certaines banlieues difficiles de la région parisienne, le maire de Grenoble explique : « même le quartier de l’Arlequin n’est pas un quartier de "non-droit" ; c’est un des quartiers qui bénéficie le plus d’équipements publics et tout ça contribue à donner une qualité de vie moins dégradée que ce que l’on peut rencontrer dans les banlieues Est de Paris ou de Lyon. Il n’empêche qu’il y a une forme de radicalisation d’une petite poignée d’individus, qui sont effectivement très dangereux et qui prennent la population en otage. Et c’est contre ça qu’il faut lutter. »

« Ils pointent au chômage et roulent en Ferrari »

Pour éradiquer cette délinquance, le policier Daniel Chomette, membre du syndicat SGP / FO, estime qu’il faut « toucher le portefeuille des grandes bandes bien organisées, qui ont bien plus de moyens que la police nationale, par le biais de l’argent facile de la drogue. Dès le début de la semaine prochaine, nous aurons un agent du fisc qui pourra intervenir sur des choses très suspectes que l’on remarque dans ces quartiers. On voit des individus sensés pointer au chômage, qui roulent en voitures de luxe, Ferrari, Lamborghini… des choses qui ne semblent pas tout à fait normal. »

« Le grand banditisme à Grenoble, annonciateur pour le reste de la France »

De son côté, Frédéric Ploquin, journaliste à Marianne, auteur d'enquêtes sur la ville de Grenoble et spécialiste du grand banditisme, met en garde : « Grenoble est en avance sur le reste de la France (Paris mis à part) ; ce qui s’y passe est annonciateur de ce qui pourrait se passer dans d’autres quartiers. Tous ces règlements de comptes entre caïds qui ont eu lieu depuis 4 ou 5 ans à répétition, signifient qu’un phénomène de grand banditisme s’installe réellement ; on est vraiment dans un stade avancé du développement du banditisme. »

La Rédaction, avec Stéphanie Collié