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Police-Justice

Viol au 36 quai des Orfèvres: le procès en appel de deux policiers s'ouvre ce mardi

Une touriste affirme avoir été violée par deux policiers au 36 quai des Orfèvres, en avril 2014

Une touriste affirme avoir été violée par deux policiers au 36 quai des Orfèvres, en avril 2014 - Martin BUREAU © 2019 AFP

Condamnés en première instance à sept ans de prison ferme en 2019 pour le viol d'une touriste canadienne, deux policiers sont jugés en appel à partir de ce mardi. Le verdict sera rendu le 22 avril.

Le procès en appel du "viol du 36", deux policiers accusés d'avoir violé une touriste canadienne au siège d'alors de la PJ parisienne, 36 quai des Orfèvres, débute ce mardi devant la cour d'assises du Val-de-Marne, huit ans après les faits. En janvier 2019 en première instance à Paris, Antoine Q., 43 ans, et Nicolas R., 52 ans, avaient été condamnés à sept ans de prison, après avoir été reconnus coupables du viol en réunion d'Emily S., aujourd'hui âgée de 42 ans.

Les deux anciens membres de la prestigieuse Brigade de recherche et d'intervention (BRI), qui contestent les faits qui leur sont reprochés, avaient immédiatement fait appel.

Ce procès en appel a déjà été renvoyé deux fois: en mars 2020, à cause de la pandémie de coronavirus, puis en juin 2021 à la suite de l'hospitalisation d'un avocat de la défense, Thierry Herzog. La plaignante, venue les deux fois du Canada, sera encore une fois présente ce mardi pour les débats.

"Nicolas R. espère avec force prouver son innocence devant la cour d'assises. Cette histoire a anéanti tant sa vie professionnelle que sa vie personnelle", a déclaré Pascal Garbarini, l'un des avocats de la défense.

"C'est une touseuse, dépêche"

Les faits, qui avaient nourri les gros titres de la presse, remontent à la nuit du 22 avril 2014. Ce mardi soir, Emily S., une touriste canadienne de passage à Paris, est venue boire des verres dans un pub irlandais du quartier Saint-Michel, en face du siège de la police judiciaire parisienne aujourd'hui relocalisé à côté du tribunal judiciaire des Batignolles (XVIIe arrondissement).

Dans ce bar, elle fait la rencontre de plusieurs policiers de la BRI. L'ambiance est au flirt et les agents lui proposent une visite nocturne du célèbre "36".

"J'étais ivre, je savais que je n'étais pas en mesure de retrouver mon hôtel. Je me suis dit qu'au moins, dans un commissariat, je ne pourrais pas boire à nouveau et que je rentrerai une fois sobre", avait-elle expliqué à la cour en première instance. "Je me suis dit que j'y serais en sécurité".

Elle ressortira du QG de la PJ plus d'une heure plus tard, en état de choc, pour dénoncer un viol. La touriste affirme que, dans un bureau du "36", les accusés l'auraient forcée à boire un verre de whisky et lui auraient imposé fellations et pénétrations vaginales.

Des "dépositions peu crédibles" des accusés

L'un des accusés, Nicolas R., a reconnu une fellation de la plaignante, mais assuré qu'elle était consentante. Pendant la soirée, il a envoyé un texto à un collègue pour l'inviter à le rejoindre: "c'est une touseuse (partouzeuse, ndlr). Dépêche". L'ADN de l'autre policier, Antoine Q., a été retrouvé à l'intérieur du vagin d'Emily S. Il a parlé d'une pénétration digitale consentie.

En première instance, la cour d'assises de Paris avait notamment motivé sa condamnation par "les déclarations constantes de la jeune femme", fustigeant à l'inverse les "dépositions évolutives, fantaisistes et peu crédibles" des accusés.

Les policiers ont "agi comme des soudards", avait dénoncé à l'audience l'avocat général Philippe Courroye. "Ce soir-là, ils n'étaient pas la police mais des usurpateurs indignes de brassards et ils se sont comportés comme ceux qu'ils pourchassent".

Antoine Q. et Nicolas R. encourent une peine maximale de vingt ans ans de prison. Le verdict sera rendu le 22 avril.

Par A.G avec AFP