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Police-Justice

Vincent Crase sort du silence pour la première fois depuis le début de l'affaire Benalla

Ce personnage central de l'affaire publie un livre ce jeudi dans lequel il revient sur les événements du 1er-Mai 2018, et sur ses liens avec l'ex-chargé de mission de l'Élysée, ou encore Emmanuel Macron.

Le deuxième homme-clé de l'affaire Benalla, jusqu'alors silencieux, prend enfin la parole. Vincent Crase, l'homme au crâne rasé et ex-collaborateur de l'Élysée mis en examen pour avoir violenté des manifestants le 1er-Mai place de la Contrescarpe, a décidé de livrer sa version des faits à travers un livre intitulé "Présumé coupable" aux éditions Plon, qui sort ce jeudi. 

Dans des entretiens au Parisien et à RTL, ce mercredi, l'ancien employé de la République en Marche et proche d'Alexandre Benalla a exprimé quelques regrets, à demi-mots, et a confié qu'il aurait aimé s'excuser auprès d'Emmanuel Macron.

"Si je pouvais lui parler, je lui dirais que je suis désolé de cette histoire complètement folle, qui lui a fait du tort. Et qu’en même temps, je n’y suis pour pas grand-chose", a-t-il lancé à nos confrères. "C'était une connerie (...) si j'avais pu rester chez moi le 1er-Mai...".

Alexandre Benalla "a parfois une maturité extrême. Et parfois, c’est encore un gamin dans sa tête"

L'ex-collaborateur du président Macron a répété que le Président était au courant depuis le début des événements survenus en marge de la manifestation du 1er-Mai 2018, à Paris. L'Élysée a-t-il menti? "Je ne tirerai pas de conclusion hâtive. C'est peut-être Alexandre (Benalla) qui m'a menti", tempère Vincent Crase. 

Vincent Crase livre également des détails sur "son amitié" avec Alexandre Benalla, qu'il a connu et dont il a été le chef quand celui-ci avait 17 ans. Il décrit "un petit gars qui vient de nul part, avec une enfance compliquée. Il a parfois une maturité extrême. Et parfois, c’est encore un gamin dans sa tête". 

Plus tard, il explique que c'est Alexandre Benalla qui est devenu son chef. À certains de ses ordres, Crase dit d'ailleurs avoir répondu par la négative. "T’es fou, je ne vais pas faire ça", dit avoir répliqué celui qui se considère comme "l'élément temporisateur du duo". Il se souvient: "la plupart du temps, c’était moi qui lui disais : 'Du calme, ça ne sert à rien de s’énerver'". Par ailleurs, l'acolyte de Benalla explique que sa confiance en son ami a été "écornée" par les récentes révélations de l'affaire, "notamment les histoires de passeports diplomatiques, de faux pour obtenir des contrats… Je me suis dit : Là, ça va beaucoup trop loin."

Entre Macron et Benalla, "il y avait de l'admiration"

Dans son interview au Parisien, l'ancien employé de la République en Marche n'hésite pas à taper sur LaREM, avant de s'épancher sur les liens qu'entretenaient Alexandre Benalla avec le chef de l'État. 

"Chez Alexandre (Benalla), il y a du respect et de l’admiration. Et chez Macron, sans doute un peu d’admiration. Il avait besoin de lui, aussi", décrit Vincent Crase, qui qualifie son ami Alexandre Benalla de "courroie de transmission très importante au Château". Les "hommes politiques aiment avoir à leur côté des gens hors de la caste des fonctionnaires de l’Intérieur, qui peuvent leur débrouiller un truc très vite, sans toute la lourdeur administrative", explique-t-il. 

"Je l’ai vu entrer dans le bureau du 'PR ' (ndlr, président de la République) et lui dire : 'Il faudrait peut-être aller se couper les tifs !' Des trucs que personne n’oserait dire à un président. Lui le faisait. Emmanuel Macron savait qu’il pouvait se reposer sur Alexandre", poursuit encore Crase.

"C’est une histoire ridicule qui a pris des proportions folles", résume finalement ce personnage clé de l'affaire, qui regrette d'avoir été dépeint comme "un barbouze", "un homme violent" ou encore "un amoureux de la castagne".

Jeanne Bulant