BFMTV
Police-Justice

Victime d'abus dans sa jeunesse, il se venge en escroquant des prêtres

Le procès a jugé 160 affaires de prêtres escroqués.

Le procès a jugé 160 affaires de prêtres escroqués. - Kenzo Tribouillard - AFP

Quatre hommes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris après avoir monté une vague escroquerie visant 160 hommes d'Eglise.

La vengeance s'est transformée en vague escroquerie. Un homme de 59 ans a été condamné mercredi, en son absence, à quatre années de prison. Il a été reconnu coupable d'avoir escroqué des prêtres. Lors du procès du jour, près de 160 affaires étaient jugées pour un préjudice de plus de 200.000 euros. Déjà sanctionné par la justice, Michel avait expliqué vouloir se venger après avoir été victimes d'abus sexuels dans sa jeunesse.

L'affaire était bien rodée et durait depuis de nombreuses années. Michel appelait dans les différents presbytères. A chaque fois, il réussissait à mettre en confiance les prêtres au bout du fil en assurant être un ancien paroissien dont ils avaient baptisé le petit dernier des années auparavant, en leur expliquant habiter la commune ou en leur parlant de noms familiers... A nom de la charité chrétienne, il leur demandait une aide financière, qu'il ne remboursait jamais.

"30 ans que je fais ça"

Vers la fin des années 2000, Jacky, un acolyte de Michel avec qui il vient de renouer, accepte à nouveau de tremper dans la combine, comme quelques années auparavant. D'abord en encaissant des mandats. "Il m'a dit 'ça fait 30 ans que je fais ça, y'a pas de problème, tu seras pas inquiété'", explique à la barre le sexagénaire à la mine un peu terne.

Puis, quand Michel se retrouvé à nouveau derrière les barreaux, en 2010, Jacky a "l'idée de faire comme lui". Il a "bien regardé comment qu'il faisait", comment il "changeait sa voix" pour jouer les propriétaires et tromper ses interlocuteurs. Il a aussi récupéré un annuaire des paroisses, truffé d'annotations griffonnées par Michel.

Deux autres complices

Jacky, lui n'a pas de rancoeur envers les prêtres, mais un réel problème avec le jeu. "Dans ma vie, j'ai perdu sept millions d'euros", confie à l'audience cet homme qui avait été placé sous curatelle, à sa demande. Il raconte également s'être pris au système "plus par jeu". Intermittent du spectacle, il a même un moment voulu "faire un film sur cette histoire" avec les prêtres et assure qu'il pensait "vraiment les rembourser". 

Face à l'ampleur de la tâche, Jacky avait pourtant demandé de l'aide à deux complices, Denis et Karim. Ils avaient pour rôle d'encaisser les mandats cash et les chèques à encaisser. "Je m'excuse pour tout le mal que j'ai occasionné, a dit Karim à la barre ce mercredi. Vous n'entendrez plus parler de moi au niveau de la justice. A l'époque, je touchais le RSA, j'avais besoin d'argent", a déclaré Karim, rapporte Metronews.

Démarches auprès du Vatican

La procureure a décrit un "mode opératoire extrêmement bien rôdé" soulignant la circonstance aggravant de la vulnérabilité en raison de l'âge des victimes. Jacky a écopé de deux ans de prison, une peine aménageable. Denis et Karim ont été condamné à six mois de prison avec sursis pour recel. 

Ces dernières années, Michel a entrepris des démarches auprès de l'évêché de Bar-le-Duc, et jusqu'au Vatican. Il voit dans le processus d'enquête, qui a permis d'établir que les prêtres qu'il accuse d'abus sexuel sont aujourd'hui décédés, une amorce de reconnaissance. Il a quitté la "volonté vengeresse" pour s'engager sur la voie de "l'amendement, voire de la rédemption" et remboursé près de 24.000 euros.

J.C. avec AFP