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Police-Justice

Véronique Courjault, victime d'un déni de grossesse ?

Jugée pour les assassinats de 3 de ses bébés, Véronique Courjault risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Jugée pour les assassinats de 3 de ses bébés, Véronique Courjault risque la réclusion criminelle à perpétuité. - -

Dans l'affaire des « bébés congelés », la mère était-elle consciente de son état de grossesse ? Les conclusions des experts psychiatres devant la Cour d'assises de Tours, divergent.

Véronique Courjault, la mère des « bébés congelés » a-t-elle été victime de déni de grossesse ? Pour la première depuis le début de l'audience qui dure depuis 4 jours, l'expression a été prononcée. Ce lundi 15 juin, les experts psychiatres et psychologues sont devant la Cour d'assises d'Indre-et-Loire à Tours pour tenter d'éclairer cette question cruciale. Mais leurs conclusions divergent.

Déni de grossesse ou refus de maternité ?

Les experts psychiatres et psychologues attendus ce lundi 15 juin à la barre, ont rencontré à plusieurs reprises Véronique Courjault pendant l'instruction. Et ils ne font pas tous la même analyse de son état psychologique. Pour certains, l'accusée était consciente de ses grossesses, elle n'aurait jamais perdu le contact avec la réalité, et ne serait donc pas victime d'un déni de grossesse, mais plutôt d'un refus de maternité. Ils évoquent même une jouissance secrète à donner la vie et la mort.
Pour d'autres experts, au contraire, Véronique Courjault a une personnalité franchement pathologique, qui l'a conduite à une dénégation de la réalité et donc de ses grossesses. Des analyses divergentes donc, alors que l'accusée elle-même peine à s'expliquer, évoquant des « flashs de conscience » pendant ses grossesses. Le président, lui, l'accuse d'avoir mis en place une stratégie de défense...

« Dans la folie pure »

Michel Delcroix, ancien professeur de gynécologie et expert judiciaire auprès de la Cour d'appel de Douai, donne des précisions sur l'état psychologique dans lequel ces femmes victimes de déni de grossesse se trouvent au moment de l'accouchement : « elles sont en dissociation psychique, dans la folie pure. Elles perdent contact avec la réalité, vont aux toilettes, poussent et n'ont pas conscience que c'est un enfant. Une fois qu'elles ont accouché, elles n'ont pas conscience de ce qu'elles font. Même s'il peut leur rester après des bribes de ce qui s'est passé. »

« Le déni de grossesse difficile à diagnostiquer »

Selon l'Association française pour la reconnaissance du déni de grossesse, au moins 1 600 femmes chaque année ignorent, jusqu'à leur accouchement, qu'elles sont enceintes. Et comme l'explique son président, le docteur Félix Navarro, « le diagnostic du déni de grossesse est difficile. La définition en est simple : c'est une situation pathologique, une maladie caractérisée. Mais en pratique il y a bien sûr des difficultés puisqu'on vient, a posteriori, on n'a pas vu le déni. C'est après qu'on pose les questions à la femme et qu'on voit comment les choses se sont passées. C'est en fonction de ça qu'on peut dire s'il y a eu un déni de grossesse total et profond, ou pas du tout. Si cette femme [ndlr, Véronique Courjault] a fait un déni profond, il est clair que sa responsabilité ne peut pas être engagée. Si c'est un autre cas de figure, c'est au tribunal de voir. »

Difficile donc à diagnostiquer a posteriori, cette notion de déni de grossesse pourrait donner des clés aux actes commis par Véronique Courjault. Des actes qu'elle-même a du mal à expliquer. Jugée pour « assassinats », elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict jeudi 18 juin.

La rédaction, avec Aurélia Manoli