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Police-Justice

Une mère tue sa fille handicapée

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Lydie Debaine a tué sa fille de 27 ans, invalide à 90%, en la noyant. Au cours de son procès, son avocate a plaidé l’acquittement.

Lydie Debaine, une femme de 65 ans, comparaît aujourd'hui et demain devant les assises du Val-d'Oise, à Pontoise, pour avoir tué sa fille unique, Anne-Marie, en mai 2005, à Groslay. Anne-Marie Debaine était handicapée motrice et cérébrale, invalide à 90%. A 27 ans, elle avait l'âge mental d'un enfant de 5 ans. Lydie Debaine, ne supportant plus la souffrance de sa fille, l'a noyée dans la baignoire et a tenté de mettre fin à ses jours avec des médicaments. C'est son mari qui les trouvera toutes les deux. Fernand Debaine n'approuve pas le geste de sa femme, mais il lui a pardonné et il n'y a d'ailleurs pas de partie civile dans ce procès.

« Je ne regrette pas »

Lydie Debaine, la maman d'Anne-Marie, explique que son geste était « irrémédiable ». Elle voyait que sa fille « souffrait » et ne « voulait plus la voir souffrir ». Selon elle, « son traitement contre l'épilepsie n'arrêtait plus les crises » et la situation n'était « pas possible ». C'est ce qui l'a « poussée » à « la noyer dans la baignoire ». Elle explique qu'autrement il s'agissait de « l'hospitaliser, elle serait morte à petit feu et se serait éteinte ». Dans son témoignage, elle précise que « ce n'est pas son handicap » qui l'a amenée à « faire ce geste », mais « sa souffrance, l'impossibilité de la soulager, l'impossibilité d'améliorer son état : cela se serait dégradé jusqu'à son décès ». « J'étais prise entre deux feux : vivre avec elle, c'est l'enfer, et vivre sans elle, c'est l'enfer aussi », témoigne Lydie Debaine. Elle avoue qu'elle ne « regrette pas le geste pour Anne-Marie, car elle souffrait trop pour regretter ».

« Un acte juste »

Pour Cathy Richard, l'avocate de Lydie Debaine, la défense s'annonce difficile. En effet, elle souligne qu'il y a « clairement préméditation et clairement mort : si on veut s'en tenir aux textes, on ne peut pas faire autrement que de la déclarer coupable en droit ». Cependant, elle met en avant le fait que « les jurés n'ont pas à motiver leur décision, ni en faits, ni en droit. Les jurés ne sont pas des juges ». Ainsi, maître Richard va leur « demander d'absoudre » Lydie Debaine car elle a « attenté aux jours de sa fille parce qu'elle souffrait, parce que son état s'aggravait, parce qu'il n'y avait nulle lueur d'espoir ». L'avocate estime qu'il « s'agit bien de soulager son enfant, pas de se soulager elle-même du poids de son enfant ». Sa cliente est « toujours certaine d'avoir commis un acte juste, un acte altruiste, et elle ne peut pas regretter son acte ».

« Pas un jour de prison »

Si sa cliente risque la perpétuité, Cathy Richard estime que « c'est une hypothèse qui est totalement inenvisageable : pas un juré, pas une personne sur cette Terre, après deux jours de débats sur ce qu'a pu être et ce qu'a pu faire Lydie Debaine, n'aura envie de la condamner à ne serait-ce qu'un jour de prison ». L'avocate va plaider un « acquittement » qui serait « un soulagement », car elle estime que « la peine, elle l'a dans le cœur, à perpétuité ».

Le verdict est attendu demain, Lydie Debaine encourt la prison à perpétuité.

La rédaction et Nicolas Marsan