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Police-Justice

Une mère séparée de son fils car elle l'aime trop

Jugée « trop proche » de son fils de 3 ans, Odile Trivis s’est vu retirer sa garde.

Jugée « trop proche » de son fils de 3 ans, Odile Trivis s’est vu retirer sa garde. - -

Jugée « trop fusionnelle », une maman s’est vu retirer son enfant, dans un petit village du Lot. Son fils Lorenzo, âgé de 3 ans, a été placé en foyer d'accueil durant six mois.

A Lavercantière, petit village du Lot, près de Cahors, une maman s’est vu retirer son enfant... parce qu’elle était « trop fusionnelle ». Son fils Lorenzo, âgé de 3 ans, a fait l'objet, le 23 novembre d'un placement judiciaire en foyer d'accueil durant six mois. La justice reproche à la maman une relation « trop fusionnelle » avec l’enfant. D’après le juge pour enfants de Cahors, cela ferait obstacle au développement du petit garçon. Depuis, Odile Trivis est partie en guerre pour récupérer son fils ; elle a fait appel du jugement et a rendez-vous avec le juge le 16 janvier prochain.

« Il pleure quand je m’en vais »

Notre reporter, Antoine Perrin a rencontré Odile. Une mère écœurée, avec un sentiment de profonde injustice, car toutes les deux semaines depuis un mois, la même histoire se répète, voir son fils partir dans les bras d’une inconnue : « J’arrive, je lui fais un câlin, en lui expliquant qu’il va retrouver la nounou et que je le reverrai vendredi. Je lui fais un bise, le pose dans la voiture, et il pleure quand je m’en vais. Ça me fait vraiment mal, c’est inhumain ce qu’ils font. »

« Ils disent que ça l’empêche de grandir, mais au contraire… »

Révoltée, Claudine, la sœur d’Odile, revient sur les termes du jugement : « ils disent qu’elle est trop fusionnelle, trop proche de lui, qu’elle le laissera faire tout ce qu’il veut, cède à tous ses caprices… et que ça l’empêche de grandir. Au contraire, le petit est vraiment dégourdi et intelligent. »

« Je comprends qu’il soit complètement déphasé »

Lorenzo a été placé dans une famille d’accueil, éloigné de plusieurs kilomètres de sa maman. Il a dû brutalement changer d’école, raconte son ancienne institutrice : « Il avait une très bonne relation avec l’école, il y était bien et tout à coup, on le change, on le met dans une famille d’accueil, dans une autre école… Je comprends qu’il soit complètement déphasé ; n’importe quel enfant le serait. »

Seule et atteinte d’un cancer, elle se renferme sur son fils...

Pourquoi cette mesure de placement ? Parce qu’Odile a eu un parcours atypique, semé d’embuches, de galères : une relation difficile avec le père de l’enfant ; ils se séparent et Odile assume seule sa grossesse, quand un cancer la frappe de plein fouet. Elle souffre et doit faire de la chimiothérapie. Les médecins accélèrent alors l’accouchement. Quand Lorenzo vient au monde, c’est pour lui que sa mère trouve la force de vaincre la maladie. « Elle est guérie maintenant, ajoute sa sœur, elle aurait pu avoir son fils et vivre avec. »

Mais entre les couches pour bébé, les rendez-vous à l’hôpital, Odile ne travaille pas, perd son logement, se retrouve dans une caravane et se renferme sur son fils. Les services sociaux interviennent. Elle a 6 mois pour remonter la pente. C’est chose faite, affirme son avocat, Maître Phillipe Merchadier : « On lui demandait : un logement, amener l’enfant à l’école et cesser de le traiter comme un nourrisson. C’est exactement ce qu’elle a fait. » Il souligne également le caractère disproportionné de cette « décision plutôt rare. En France, les placements d’enfants, c’est dans des contextes beaucoup plus glauques, tristes : violences conjugales, pédophilie… »