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Police-Justice

Un tueur en série... d'associés ?

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Un homme est accusé d’avoir tué son associé. Et les enquêteurs ont découvert dans son passé des affaires similaires.

C'est le procès d'un homme au parcours intrigant qui s'est ouvert ce lundi devant les assises du Val de Marne. Xavier Philippe, gérant d'une pâtisserie est jugé pour le meurtre de son associé, mort de trois balles dans la tête en mai 2005. Christophe Belle, la victime, et Xavier Philippe, l'accusé, étaient associés dans une pâtisserie du Marais à Paris.

Dans cette affaire, les enquêteurs se sont très vite tournés vers Xavier Philippe car Christophe Belle a laissé un message sur le portable de son patron la nuit du meurtre: « A tout de suite, je suis là dans 10-15 minutes », lui dit-il. Pour l'accusation, c'est la preuve évidente que Xavier Philippe a tendu un piège à son associé, il lui a donné rendez-vous pour lui tirer trois balles dans la tête. Christophe Belle s'était en effet rendu compte que son patron piquait dans la caisse. Autre détail troublant : la victime avait souscrit une assurance vie dont le bénéficiaire n'était autre que son patron.

Mais les enquêteurs découvrent dans le passé judiciaire de Xavier Philippe (déjà chargé de condamnations pour vols et bagarres), le témoignage d'une ancienne compagne, qui l'accuse d'avoir noyé en 1988 un ex-associé, dont le corps n'a jamais été retrouvé. L'affaire est aujourd'hui prescrite. Enfin, il y a cette tentative d'assassinat dix ans plus tard contre un autre de ses associés, avec un fait troublant : le tireur est un ancien co-détenu de Xavier Philippe.

Pour Pascal Rouiller, avocat des parties civiles, « Xavier Philippe a découvert qu'il était découvert. Son associé, qu'il truandait depuis des années, s'en est aperçu, en a parlé à des proches, à des salariés. Dans les jours qui précèdent sa mort, il s'est aperçu que de l'argent disparaissait. On est convaincu qu'il n'avait pas imaginé l'importance des trafics, plusieurs centaines de milliers d'euros. Assez benoîtement, il en a parlé à son associé, a demandé des explications qui ne lui ont pas été fournies, le rendez-vous a été fixé, son associé l'attendait et il l'a tué ».

A l'hypothèse d'un tueur en série d'associés, Pascal Rouiller répond : « quand on regarde la vie de ce garçon, c'est assez incroyable : de manière systématique, ceux qui s'associent avec lui rencontrent des difficultés, ou meurent, ou disparaissent. Le seul lien entre toutes ces affaires, c'est lui. On a au moins trois personnes, dont une a fait l'objet d'une tentative d'assassinat, l'autre a disparu, et le cas de Christophe Belle. Lorsqu'il s'agit d'un associé qui découvre des détournements et qui menace de dénoncer, la solution la plus rapide c'est d'éliminer cet associé et c'est ce qu'il a fait avec Christophe Belle ».

Incarcéré depuis 2 ans et demi, Xavier Philippe aura 15 jours pour s'expliquer. La seule preuve matérielle du dossier est un message de la victime laissé sur le portable de l'accusé, la nuit du meurtre, dans lequel il lui disait qu'il arrivait dans quelques minutes. Pour Philippe Sarda, avocat de l'accusé, « ce message, nous l'avons parce que Xavier Philippe l'a donné aux enquêteurs. Ce qui semble absolument incompatible avec sa culpabilité. La seule explication pour qu'il le garde, c'est qu'au moment où il l'écoute et où il va en donner connaissance aux autres, il ne se rend pas compte, parce qu'il n'a pas la connaissance des faits, que ce message peut l'accabler. Dans cette affaire, on l'a pris comme un coupable idéal, on est dans le coupable fantasmé. On a construit un costume pour cet homme, pour l'habiller comme le criminel qu'on voit dans cette affaire et que finalement on ne connaît pas puisque de nombreuses pistes n'ont pas été correctement épuisées ».

La rédaction et Aurélia Manoli