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Police-Justice

Un trader de la société générale accuse jérôme kerviel

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PARIS (Reuters) - Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société générale tenu pour responsable d'une perte de 4,9 milliards d'euros en 2008, a mis en danger la banque et ses salariés, a dit un de ses collègues au tribunal de Paris.

Entendu comme témoin au troisième jour du procès, Selim Nemouchi a contredit les affirmations du prévenu, qui affirme que ses pratiques étaient courantes à la banque et dans le domaine de la finance.

"En tant que trader, on a des objectifs et des limites. Il a mis la banque en danger, je suis assez déçu par son comportement", a dit le témoin, qui était au moment des faits un ami de Jérôme Kerviel.

"On se bat pour faire gagner un petit peu d'argent à la banque au quotidien avec des limites. Là, on n'est plus du tout dans une activité de trading", a-t-il ajouté.

Le tribunal a visionné un film et des photos de la salle de l'unité "Delta 1" où travaillait Jérôme Kerviel. La défense souligne que ses supérieurs hiérarchiques et les sept autres traders de l'unité étaient assis à côté ou à quelques mètres de lui, et affirme qu'ils ne pouvaient donc rien ignorer.

Les avocats de la Société générale, partie civile, ont dit que cela ne prouvait rien car, selon eux, les manoeuvres de Jérôme Kerviel pouvaient être dissimulées. Ils soulignent qu'il a lui-même reconnu avoir passé des ordres fictifs pour cacher ses agissements.

LES GAINS INDÉTECTABLES, DIT LA BANQUE

Plusieurs systèmes de la salle des marchés permettaient de retracer quotidiennement l'activité de chacun des huit traders de la salle Delta 1, a dit Claire Dumas, représentante de la banque.

Selon elle, cependant, il n'était pas possible d'y détecter les gains faramineux enregistrés fin 2007, soit 1,4 milliard d'euros, avant le retournement des marchés, ou les commissions payées aux courtiers pour passer les ordres de Jérôme Kerviel.

Poursuivi pour "faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique", le jeune homme de 33 ans encourt jusqu'à cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.

Il se voit reprocher des prises de position à risque vertigineuses de 2005 à 2008 sur des indices boursiers européens, ayant atteint plus de 49 milliards d'euros, dissimulées selon l'accusation à son employeur.

La Société générale lui impute la responsabilité exclusive de l'affaire et entend demander une "sanction exemplaire".

L'ex-trader reconnait des fautes mais incrimine sa hiérarchie, qui aurait fermé les yeux sur ses agissements.

Il accuse plus largement le système financier qui l'aurait conduit dans un "engrenage", le titre d'un livre publié en mai, et le thème de nombreuses interviews.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse