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Police-Justice

"Un sentiment de déjà-vu": une victime de soumission chimique réagit à l'affaire Joël Guerriau

Sophie Conrad, droguée à son insu par son directeur à l'Institut Montaigne, réagit aux accusations visant le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir administré de l'ecstasy à une députée.

"Un scénario, hélas, que je connais bien". Sophie Conrad a eu "un sentiment de déjà-vu" en découvrant les accusations visant un sénateur, soupçonné d'avoir drogué une députée à son insu. Une plainte pour "administration d'une substance nuisible à son insu dans le but de commettre un viol ou une agression sexuelle" a été déposée par la députée Sandrine Josso contre Joël Guerriau.

Une possible affaire de soumission chimique qui a fait réagir Sophie Conrad, droguée à son insu par son directeur à l'Institut Montaigne au début de l'année 2022.

"Ça refait vivre des moments difficiles, mais ça remotive aussi à témoigner et se dire que ce combat des femmes il faut le mener quotidiennement", a-t-elle déclaré sur BFMTV.

L'ancien directeur de l'Institut Montaigne définitivement condamné

Sophie Conrad, lors d'un dîner chez Laurent Bigorgne son supérieur hiérarchique et ex-beau frère, s'était sentie mal après avoir bu une demi-coupe de champagne. Celle qui était responsable du pôle politiques publiques de l'Institut Montaigne était parvenue à quitter les lieux pour se rendre à l'hôpital où des expertises avaient montré que Laurent Bigorgne avait versé de la MDMA dans le verre de sa collaboratrice, ce qu'il a reconnu en garde à vue.

Condamné en décembre 2022 à un an de prison avec sursis, l'ancien directeur de l'Institut Montaigne s'était désisté de son appel.

"ll y a eu un long combat judiciaire pour que les faits soient reconnus et justement qualifiés", a confié Sophie Conrad, précisant que l'intention sexuelle n'avait d'abord pas été retenue dans son cas précis, "cela a été une première épreuve d'obtenir cette reconnaissance".

Porter plainte, "une épreuve dans la durée"

L'ancienne responsable au sein de l'Institut Montaigne évoque "une longue reconstruction avec des impacts forcément familiaux mais aussi professionnels".

"On encourage la libération de la parole des femmes, je l'encourage mais dans les faits et la continuité le soutien il n'est pas forcément là", a-t-elle encore confié.

Sophie Conrad raconte en effet qu'à l'issue d'un entretien de recrutement raté, "la personne (lui) avait dit 'votre histoire peut faire peur'".

Celle qui a depuis retrouvé un emploi adresse ses "pensées" et à la victime pour qui elle a de l'"admiration" dans l'affaire Joël Guerriau: 'c'est difficile de porter plainte c'est une épreuve, c'est une épreuve aussi dans la durée"

Hugues Garnier Journaliste BFMTV