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Police-Justice

Un procès en France pour 17 dignitaires du régime Pinochet

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PARIS (Reuters) - Le procès par contumace de 17 Chiliens, en majorité des militaires, poursuivis pour la disparition de quatre ressortissants français ou franco-chiliens entre 1973 et 1975, se tiendra en décembre prochain à Paris, apprend-on de source judiciaire.

Repoussé à de multiples reprises, ce procès en assises est sensible car il met en lumière les agissement du régime d'Augusto Pinochet et ses liens à l'étranger, notamment aux Etats-Unis.

Les 17 accusés sont poursuivis pour "séquestrations arbitraires accompagnées ou suivies de tortures et d'actes de barbarie" dans cette audience qui serait l'une des premières au monde concernant la dictature.

Augusto Pinochet, au pouvoir de 1973 à 1990, a été poursuivi dans cette affaire où un mandat d'arrêt international a été délivré contre lui en 1998, alors qu'il était retenu au Royaume-Uni.

Londres l'ayant finalement laissé partir après une assignation à résidence, il est mort en décembre 2006 dans son pays sans jamais avoir été jugé.

Parmi les suspects qui seront jugés à Paris et sont visés par des mandats d'arrêt, figurent le général Manuel Contreras, ex-chef de la Dina (police secrète du régime militaire chilien), et Paul Schaeffer, ex-criminel nazi fondateur avec d'autres de la colonie "Dignidad", dans le sud-est du pays, centre de torture et de séquestration sous la dictature.

On ignore si Paul Schaeffer est toujours en vie.

Le dossier porte sur la disparition, le jour du coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, de Georges Klein, conseiller au cabinet du président Salvador Allende, du père Etienne Pesle le 19 septembre 1973 et de deux membres du Mouvement de la gauche révolutionnaire (Mir), Alphonse Chanfreau, le 30 juillet 1974, et Jean-Yves Claudet-Fernandez, le 1er novembre 1975.

La procédure française a montré que Georges Klein et Etienne Pesle avaient été conduits dans des locaux militaires le 11 septembre 1973.

Alphonse Chanfreau aurait été séquestré et torturé à la colonie "Dignidad". Jean-Yves Claudet-Fernandez aurait été enlevé à Buenos Aires, sans doute dans le cadre du "plan Condor", vaste opération d'assassinats d'opposants mise au point par plusieurs dictatures d'Amérique latine, dont le Chili.

Le dossier comprend des documents, notamment une circulaire du département d'Etat aux ambassades du 23 août 1976 qui montre selon l'enquête l'implication des Etats-Unis dans "Condor".

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse