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Police-Justice

Un policier témoigne sur BFMTV: "Je ressens beaucoup de colère, de frustration"

Thomas, un policier de la brigade anticriminalité souhaitant rester anonyme, confie sur BFMTV ressentir "beaucoup de colère, beaucoup de frustration", en raison de la "dégradation" des conditions de travail dans lesquelles lui et ses collègues exercent.

A l'image de beaucoup de ses collègues, il est en colère. Et s'il n'était pas dans la rue comme des centaines d'agents ce mercredi soir, à Paris et en province, il a témoigné de son ras-le-bol sur notre antenne. A visage couvert. 

Thomas exerce à la brigade anticriminalité. Ce père de famille, âgé d’un peu moins de 40 ans, est entré dans la police "par vocation". Mais "depuis quelques années", il "ressent beaucoup de colère, énormément de frustration".

"Depuis quelques années, ça se dégrade"

"On est empêchés par notre hiérarchie, on est empêchés de faire notre travail", estime ce fonctionnaire, qui n'est pas syndiqué. "Depuis quelques années, ça se dégrade. On a perdu des effectifs", explique-t-il, relevant toutefois qu'"a priori, on va en retrouver". Mais "le matériel, c’est pareil", ajoute-t-il. "Tout est énormément compliqué dans la police."

"On accumule de la frustration, de la colère. Il y a eu cette étincelle avec ce qu’il s’est passé à Viry-Châtillon (lorsque le 8 octobre, dans l'Essonne, un véhicule de police a été attaqué au cocktail Molotov, Ndlr). Et ce n’est pas uniquement les policiers du 91 qui se trouvent concernés. Quand on regarde bien, c’est toute la France."

"On veut des moyens, du matériel, travailler en sécurité"

Pour Thomas, il est clair que les forces de l'ordre sont confrontées à un manque de moyens. "On n'est pas assez nombreux, pas assez bien équipés. Ça nous arrive d’intervenir à deux contre dix personnes qui n’ont pas envie de nous voir", rapporte-t-il. Qui plus est avec des "armes non léthales, qui ne font pas très très mal". De quoi parfois mettre en danger les policiers.

"Nous, tout ce qu’on veut, c’est avoir des moyens, du matériel, travailler en sécurité", plaide-t-il, après plus de 48 heures de manifestations spontanées inédites dans la profession. "Je veux que mes collègues soient en sécurité. Rentrer chez moi le soir avec le sentiment du devoir accompli."

Et que faut-il attendre des concertations à venir dans les départements, promises par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve aux syndicats qu'il recevait ce mercredi pour tenter d'apaiser la grogne? "J'espère qu'on va pouvoir trouver des solutions assez rapidement. Le mouvement prend de l'ampleur. J’aimerais qu’on soit juste écoutés. Nous, tout ce dont on a envie", assure le policier, "c'est de se remettre au travail." 

Violette Robinet