Un dealer de l'Essonne faisait travailler des migrants vietnamiens

Un dealer de région parisienne faisait travailler des Vietnamiens, en situation irrégulière, pour les faire travailler comme "jardiniers" dans des fermes de culture de cannabis dans le Loiret. Huit personnes ont été interpellées la semaine dernière, avec le concours du Raid.

C'est une connexion inattendue pour les enquêteurs qui ont bouclé cette affaire. Les policiers de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre ont démantelé un réseau de production de cannabis basé près de Montargis, dans le Loiret. Au total, huit personnes ont été arrêtées et trois d'entre elles ont été écrouées la semaine dernière.

L'affaire remonte à décembre 2018. Les enquêteurs sont mis sur la piste d'une filière de passage entre le Vietnam et la Grande-Bretagne. Alors que les candidats à l'immigration sont forcés de payer entre 20 et 40.000 euros à leurs passeurs, une étape est souvent nécessaire en France afin que les migrants travaillent pour financer ce voyage. Traditionnellement, ils sont employés comme cuisiniers ou dans des salons d'esthétique. 

Un dealer de cité à la tête du réseau

Rapidement, les enquêteurs découvrent que cette filière de passeurs fait travailler des Vietnamiens comme "jardiniers" dans une "ferme" produisant du cannabis dans le Loiret. Une première surprise pour les policiers, qui se rendent compte que cette production se fait au bénéfice d'un voyou de l'Essonne d'une trentaine d'années, bien connu des services. Ce dernier est aidé d'un ami qui lui sert de prête-nom pour la location de la "ferme" et avec qui il a acheté tout le matériel nécessaire à la production de la drogue.

Cette maison est en effet la propriété d'une femme d'une soixantaine d'années. C'est son compagnon, un retraité, qui vit dedans. Ce dernier vit avec les Vietnamiens, est parfaitement au courant de leur situation irrégulière sur le territoire et de la culture de cannabis. Avec sa fille, et le petit-copain de cette dernière, il avait d'ailleurs monté un système parallèle de revente de la drogue. Au total, ils cultivaient environ 2.000 plants de cannabis.

Enlèvement et séquestration

Preuve de son implication, le dealer est soupçonné d'avoir enlevé et séquestré l'un des Vietnamiens. En effet, en février 2019, les trois migrants, soupçonnant une surveillance policière de la ferme, ont pris la fuite pour se réfugier en région parisienne. Le voyou apprécie peu, et vient demander des compte à l'un des "jardiniers". Ce dernier sera retrouvé une semaine plus tard en Seine-Saint-Denis le visage tuméfié après avoir été séquestré et maltraité dans l'appartement de la compagne du dealer situé à Palaiseau.

La semaine dernière, le dealer a été interpellé ainsi que son comparse, jugé faible psychologiquement, qui revenait du Maroc, et sa compagne. Les policiers, craignant qu'il soit lourdement armé, sont intervenus avec le soutien du Raid. La propriétaire de la ferme, le retraité, sa fille et son petit-copain ont eux aussi été arrêtés. Une femme, "logeuse" des Vietnamiens, fait aussi partie des interpellations. Ils ont tous été mis en examen, pour certains, pour "aide au séjour irrégulier" et "production, acquisition et détention de stupéfiant". Trois ont été écroués.

Justine Chevalier