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Police-Justice

Un couple jugé pour l’excision de leurs filles

Un couple d'origine guinéenne, en France depuis 20 ans, est jugé pour l'excision de leurs quatre filles.

Un couple d'origine guinéenne, en France depuis 20 ans, est jugé pour l'excision de leurs quatre filles. - -

Un procès se tient ce mardi et jusqu'à vendredi devant les assises de la Nièvre. Un couple d'origine guinéenne, en France depuis 20 ans, est jugé pour l'excision de leurs quatre filles.

Ils sont jugés pour « complicité de violence volontaire ayant entraîné une mutilation sur une mineure de moins de 15 ans par un ascendant ». Un couple de parents est jugé pour l’excision de leurs quatre filles. Une coutume pratiquée dans une trentaine de pays d'Afrique mais interdite en France car elle implique une mutilation. Entendu par les enquêteurs, le père a d'abord déclaré ne pas savoir qui a excisé ses filles, avant de mentionner une femme qui aurait pratiqué l'excision au domicile familial en son absence et celle de son épouse. « Qui peut croire un tel mensonge. Ce sont les parents qui commanditent l’excision de leurs filles », s’insurge Me Linda Weil-Curiel, avocate de la Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles, partie civile dans ce procès.

Une affaire provoquée par des visites à l'hôpital

C'est la deuxième fois que les parents sont aux prises avec la justice. En 2005, le couple avait déjà emmené leur fille ainée, alors âgée de 14 ans à l'hôpital pour une appendicite. Le personnel de l'hôpital de Nevers s’était alors aperçu que l’enfant a été excisée et le signale aux autorités. La justice est saisie et les 4 sœurs sont examinées : les deux filles les plus âgées ont subi des mutilations sexuelles, les parents sont placés sous contrôle judiciaire. En 2009, la plus jeune des filles, alors âgée de 7 ans, est admise à l'hôpital de Nevers pour « d'importants saignements d'origine vaginale ». Selon les examens médicaux, l'enfant, a été victime d'une « tentative d'excision ». La 4eme sœur est également excisée. Les parents encourent jusqu'à 15 ans de prison.

Une première en province

Pour Maître Linda Weil-Curiel ce procès est inédit : « C’est la première fois qu’une cour d’assise de province est saisie pour un problème d’excision. Dans cette affaire, les parents ont été judiciairement avertis à l’occasion de la découverte de l’excision des deux ainées alors que les deux plus jeunes étaient intactes au moment de la procédure. C’est ensuite, alors qu’ils étaient inculpés, du moins le père, qu’ils ont excisé les deux autres. C’est une première ».

Infections urinaires et accouchements difficiles

Nana Camara est membre de l'association du groupe de femmes pour l'abolition des mutilations sexuelles. Elle a été elle-même excisée. Elle explique pour RMC ce en quoi consiste l’excision : « C’est l’ablation du capuchon du clitoris ainsi que les petites lèvres. Première conséquence de cette pratique : la mort. Il faut savoir que l’excision est pratiquée sans anesthésie et à vif. Il y a aussi des infections urinaires qui si elles sont mal soignées peuvent conduire à une stérilité féminine. Au niveau des accouchements, ils peuvent être très difficiles parce que la vulve ne se dilate qu’à 75% ou 80% »