BFMTV
Police-Justice

Un chien « entendu » comme témoin d’un meurtre

-

- - -

C’est une première : un dalmatien, présent au moment des faits, a été convoqué lors de la reconstitution d’un meurtre. Son aboiement a été pris en compte.

On connaissait les « chiens-enquêteurs » des douanes ou des séries télévisées, mais c'est la première fois qu'un chien est « entendu » en tant que « témoin » dans une affaire de meurtre. En effet, un juge d'instruction a récemment convoqué un dalmatien pour une reconstitution des faits. Ce juge de Nanterre, Thomas Cassuto, enquête depuis de longs mois sur le possible meurtre d'une sexagénaire retrouvée pendue chez elle il y a deux ans et demi à Paris. Dans cette affaire deux suspects ont été mis en examen mais le juge peine à réunir des charges contre eux.

Ainsi, il s'est rendu en juillet au domicile de la victime, une péniche, dans le but de voir la réaction de son chien, seul présent sur les lieux au moment du décès, face aux deux suspects. Résultat : le chien a aboyé envers l'un des deux, ce qu'un greffier a consigné dans le dossier. Le juge poursuit aujourd'hui ses investigations, son interprétation restant sous le secret de l'instruction jusqu'à la fin de l'enquête.

Selon les juristes, c'est la première fois en France qu'une telle procédure est mise en oeuvre, comme l'explique Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats : « Ca me paraît quand même tout à fait exceptionnel. Je n'ai jamais entendu parler en France d'un chien « témoin » dans une affaire judiciaire, ou « entendu ». Je crois qu'au Canada ou en Australie, il y a quelques temps, un juge, dans un contexte très différent, avait entendu un perroquet dans une affaire de divorce. C'est tout ce que j'ai comme élément s'agissant des animaux ». Ce type de témoignage peut-il avoir une valeur juridique ? Bruno Thouzellier précise que « ça n'a aucune force probatoire, vous vous doutez bien qu'un chien, comme tout animal d'ailleurs, ne peut par définition absolument pas être considéré comme un témoin de quoi que ce soit pour une raison très simple : son mode d'expression est nul et, en tout état de cause, personne n'est capable d'interpréter l'aboiement d'un chien mis en présence d'un témoin ou d'un suspect. Je ne vois pas ce qu'un juge d'instruction pourrait faire non seulement en terme légal mais également en terme d'avancées dans l'enquête, dans un cadre comme celui-là ».

La rédaction et Céline Cléry