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Police-Justice

Un an après, Grenoble, apaisée, veut garder ses policiers

Policier dans le quartier de la Villeneuve, en août dernier. Un an après les violences urbaines qui avaient enflammé le quartier de la Villeneuve à la mi-juillet, Grenoble présente une image apaisée mais les autorités locales redoutent un relâchement du d

Policier dans le quartier de la Villeneuve, en août dernier. Un an après les violences urbaines qui avaient enflammé le quartier de la Villeneuve à la mi-juillet, Grenoble présente une image apaisée mais les autorités locales redoutent un relâchement du d - -

par Catherine Lagrange GRENOBLE (Reuters) - Un an après les violences urbaines qui ont enflammé le quartier de la Villeneuve, Grenoble présente une...

par Catherine Lagrange

GRENOBLE (Reuters) - Un an après les violences urbaines qui ont enflammé le quartier de la Villeneuve, Grenoble présente une image apaisée mais les autorités locales redoutent un relâchement du dispositif policier qui a permis l'embellie.

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2010, deux jeunes gens avaient attaqué un casino près de Grenoble. L'un des malfaiteurs avait péri sous les balles de la police, provoquant plusieurs nuits d'émeute dans ce quartier dont il était originaire.

Des incendies de voitures, des tirs à balles réelles sur la police et des dizaines d'arrestations avaient secoué la ville, que Nicolas Sarkozy allait choisir pour prononcer le 30 juillet son discours de Grenoble, qui a marqué un virage sécuritaire.

Un an après, aucun signe d'agitation n'est venu perturber la cité alors qu'on redoutait à Grenoble des manifestations de violences le jour-anniversaire des émeutes.

Entre les barres d'immeubles de logements sociaux, la présence policière n'est pas directement visible. Les enfants jouent sur les pelouses, sous le regard des mères de familles.

"Les relations se sont apaisées entre la police et les jeunes", constate Pierre-Loïc Chambon, coordonnateur des trois centres sociaux de la Villeneuve qui encadrent les jeunes.

"Il y a eu une vraie réponse de la municipalité, la population a été entendue. Nous avons 300.000 euros de moyens supplémentaires et nous pouvons recruter, il y a une dynamique positive qui se met en place", explique-t-il.

Pour preuve de cette nouvelle dynamique, le tournage, en juillet et août, dans la cité, d'un pilote de série télévisée "Ville 9, la série", par lequel les habitants tentent de corriger l'image négative qui colle désormais à leur quartier.

Sur le plan de la sécurité, les habitants sont demandeurs, selon ce responsable de terrain, "d'une présence policière stabilisée, d'une police de proximité, mais rejettent les commandos de l'année dernière".

REPRISE DE LA DÉLINQUANCE ?

Selon lui, les opérations policières musclées ont provoqué un véritable traumatisme dans la capitale dauphinoise, au point que les plus jeunes ont du être confiés à des psychologues.

"Les enfants ont été choqués de voir tous ces policiers armés avec leurs armures de protection", dit-il.

Les chiffres de la délinquance sont à la baisse, souligne Daniel Chomette, secrétaire départemental d'Unité-SGP-Police.

"Le secteur est sous contrôle", déclare-t-il.

Les multiples opérations mêlant la police et les services de la sécurité sociale ont permis selon lui de nombreuses interpellations et une baisse des attaques à main armée.

"Les facteurs, les pompiers, les services médicaux peuvent à nouveau pénétrer à la Villeneuve, ce n'est plus une zone de non droit, même si ces services publics doivent encore être accompagnés par un véhicule de police", dit le syndicaliste.

Jérôme Safar, premier adjoint au maire chargé de la sécurité et de la politique de la ville, salue le renforcement de la présence policière, qui est selon lui, visible et bénéfique.

"Quand la police a les moyens de travailler, ça améliore la situation", dit-il, tout en condamnant le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, qui a selon lui "stigmatisé la ville".

Mais les élus locaux redoutent aujourd'hui une détérioration de la situation avec le départ possible des renforts.

Pour exprimer cette crainte, le maire socialiste de Grenoble, Michel Destot, a écrit en juillet au ministère de l'Intérieur pour lui demander de ne pas relâcher les efforts.

Une crainte partagée par les syndicats de police. Daniel Chomette reconnaît que les promesses ont été tenues sur le coup, avec l'attribution de plus de policiers et de moyens.

Mais un an après, il craint de perdre 32 postes de policiers d'ici à la fin de l'année, même si l'arrivée de six policiers stagiaires a été promise pour la rentrée.

Le représentant syndical redoute de nouvelles flambées de violence. "Les délinquants vont s'apercevoir de ce retrait des effectifs et vont reprendre de l'activité", prédit-il.

Edité par Yves Clarisse