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Trois suicides en deux heures dans la police parisienne

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PARIS (Reuters) - Deux policiers affectés à Paris et en proche banlieue se sont suicidés et un troisième a attenté à ses jours en l'espace de deux...

PARIS (Reuters) - Deux policiers affectés à Paris et en proche banlieue se sont suicidés et un troisième a attenté à ses jours en l'espace de deux heures jeudi, a-t-on appris à la préfecture de police.

Le gardien de la paix qui a tenté de mettre fin à ses jours est en état de mort clinique.

Des enquêtes ont été ouvertes pour déterminer les mobiles des trois gardiens de la paix, mais les premières informations font état de drames personnels et familiaux.

"C'est une série noire qui a provoqué une onde de choc à la préfecture de Police", a dit un responsable à Reuters.

Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité SGP police, souligne qu'au-delà des drames personnels, le métier de policier "est un accélérateur du passage à l'acte".

"Le stress permanent peut amener des femmes et des hommes aux pires extrémités, à partir du moment où ils se retrouvent en crise sur le plan personnel ou familial", dit-il dans un communiqué.

La série noire a débuté quand un gardien de la paix en poste dans le Val-de-Marne a tenté de mettre fin à ses jours "à l'aide de son arme de service" dans une voiture de police dans le XIXe arrondissement de Paris. Il est en état de mort cérébrale, selon la préfecture.

Un autre a tué son épouse chez lui à Chevilly-Larue, également dans le Val-de-Marne, avant de retourner son arme de service contre lui. Un troisième a été retrouvé pendu à son domicile au Pré-Saint-Gervais, en Seine-Saint-Denis.

Ces faits se sont déroulés entre 08h00 et 10h00.

Fin 2010, le ministère de l'Intérieur avait décidé de s'attaquer au taux alarmant des suicides dans la police française, qui est l'un des plus élevés des pays occidentaux.

Le risque de suicide y est supérieur de 36% à celui du reste de la population française, selon l'étude qu'il a commandée à l'Institut national de la santé et de recherche médicale (Inserm) et à laquelle Reuters a eu accès.

Le taux de suicide dans la police est en moyenne de 32,4 pour 100.000 agents, un taux presque deux fois plus important que celui enregistré à France Télécom, qui a mis en oeuvre en 2010 un train de mesures après une vague de suicides.

Depuis 2005, 40 à 55 policiers ont mis fin à leurs jours chaque année en France.

Alors que la majorité des syndicats de police mettent en cause la "politique du chiffre" instaurée par Nicolas Sarkozy depuis 2002, des spécialistes des questions de sécurité doutent de la volonté de l'administration d'aller au fond des choses.

"Il risque d'y avoir une mise en cause du management, ce que le ministère veut éviter", estimait au début de l'année Marc Louboutin, un ancien lieutenant de police auteur du livre "Flic, c'est pas du cinoche" évoquant le malaise policier.

Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser