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Police-Justice

Trafics de drogue à Marseille: la "Papy connection" devant la justice

Laurent Fiocconi, à gauche, dans une photo datée de 1970, et Ange Buresi, à droite, dans une photo non datée. Tous deux font partie des prévenus au procès de la "Papy connection".

Laurent Fiocconi, à gauche, dans une photo datée de 1970, et Ange Buresi, à droite, dans une photo non datée. Tous deux font partie des prévenus au procès de la "Papy connection". - Patrick Valasseris - AFP

Quinze figures du banditisme marseillais sont jugées à partir de ce lundi par le tribunal correctionnel de Marseille. Âge moyen des prévenus: 65 ans.

De la cocaïne devant transiter dans des conteneurs de calamars congelés partant du Chili, ou encore livrée depuis le Pérou dans des valises transportées par des "mules": le procès qui s'ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille est celui de la "Papy connection". Quinze figures du banditisme marseillais seront dans le box des prévenus. 

Parmi elles, Laurent Fiocconi, 74 ans, et Joseph Signoli, 78 ans, passeurs de la French connection condamnés au début des années 70. L'affaire débute par l'échange de renseignements entre les services d'enquête anti-stupéfiants allemand, espagnol et français sur Raymond Mihière, dit "Le Chinois", 64 ans, un Marseillais officiellement installé à Gérone près de Barcelone où sa compagne gère une fabrique de savons.

Figure du banditisme méridional, condamné à six reprises notamment pour trafic de stupéfiants, Raymond Mihière est surveillé alors qu'en juillet 2011, il prépare, selon les enquêteurs, l'importation de cocaïne dissimulée dans un conteneur de produits de la mer surgelés devant partir du Chili.

L'affaire avorte en raison de la surveillance par les douanes espagnoles des conteneurs devant assurer le transport de la drogue. Les écoutes établissent l'existence d'un lourd contentieux entre investisseurs et transporteurs.

Un voyage à 50.000 euros

L'importation de la drogue s'opère ensuite selon des modes plus classiques: l'usage de "mules" transportant des valises par voie aérienne. Le 2 mars 2012, Savellin Savelli, un Corse, est arrêté à Buenos Aires avec six kilos de cocaïne. Les interpellations des prévenus sont orchestrées par l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants le 26 novembre 2012, jour de l'arrivée d'une "mule" en provenance du Pérou.

Jacky Slovinsky reconnaît ainsi avoir reçu la promesse de toucher 50.000 euros pour le transport dans ses bagages de 24,5 kilos d'une cocaïne pure à 99%, saisis à son arrivée à Roissy-Charles-de-Gaulle. Raymond Mihière avoue son implication, mais au titre de simple "cheville ouvrière" et non d'organisateur: il n'a fait que réceptionner la cocaïne pour la remettre à des commanditaires qu'il dit ne pas connaître.

"Mon nom est respecté dans le milieu"

Les interpellations ont été opérées au Coudray, dans l'Eure-et-Loir, au domicile d'Ange Buresi, 49 ans, autre figure emblématique du banditisme, évadé des Baumettes en 1999 par hélicoptère, alors qu'il purgeait une peine de quinze ans pour meurtre. Joseph dit Jo Signoli et Laurent Fiocconi sont les doyens des prévenus. Eux affirment ne plus s'être revus depuis qu'ils ont été condamnés, en 1973 et 1974, pour avoir assuré le transport de l'héroïne raffinée par les "chimistes" marseillais vers le marché nord-américain.

Jo Signoli, 78 ans, a reconnu un coup de pouce donné à son ami Jean-Robert Erera, recruteur présumé de la "mule". "Malheureusement mon nom est respecté dans le milieu vu mon passé", explique le retraité. Ajoutant : "J'ai une pension assez décente pour pouvoir vivre. J'ai mon petit de 23 ans qui a réussi dans les études, je ne veux plus rien avoir à faire avec ce milieu".

Surnommé Charlot, Laurent Fiocconi, 74 ans, auteur d'un livre de mémoires intitulé "Le Colombien: des parrains corses aux cartels de la coke", a affirmé, au cours de l'instruction, que ses nombreux contacts avec Raymond Mihière ne concernaient que des affaires liées à des savons, à la vente de terrains ou l'achat d'ampoules. Jugement le 6 novembre prochain.

A. G. avec AFP