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Police-Justice

Trafic de bébés à Marseille: "C'est mon fils et je l'aime"

L'hôpital Nord de Marseille

L'hôpital Nord de Marseille - -

Un trafic de bébés roms a été découvert pendant l'été à Marseille et en Corse. Une des femmes adoptives raconte les circonstances de l'adoption.

Un nourrisson pour 10.000 euros. Un trafic de bébés roms, portant à ce stade de l'enquête sur trois bébés dont le prix se négociait à plusieurs milliers d'euros chacun, a été mis au jour durant l'été à Marseille et en Corse. Les deux organisateurs présumés ont été interpellés.

Deux ventes ont été effectuées à Marseille et à Ajaccio à des membres de la communauté des gens du voyage, et une troisième a échoué à Marseille, où une information judiciaire pour "traite d'être humains" a été ouverte le 1er août.

Dans les trois cas, la justice soupçonne deux mêmes auteurs principaux organisateurs du trafic: le compagnon d'une des mères concernées, et le frère de celle-ci. Son compagnon est également le père du bébé né le 21 juillet qui aurait été vendu, contre 8.000 euros et une BMW, à un couple de gens du voyage se trouvant dans l'impossibilité d'avoir un enfant, indique le procureur de Marseille Brice Robin lors d'une conférence de presse.

Les adoptants mis en examen

La mère adoptive affirme sur RTL que dans la communauté des gens du voyage, il est "primordial d'avoir un enfant". "C'est mon fils et je l'aime", commente-t-elle. "Pendant un mois et demi, j'étais avec lui, je lui donnais son bain, je le lavais", poursuit-elle, décrivant les circonstances de l'adoption du bébé. "Ils me l'ont proposé et moi je n'avais pas d'enfant alors je l'ai acheté".

Les deux hommes seront déférés dimanche à Marseille, depuis Bastia, où "il est possible qu'ils préparaient leur fuite en Roumanie via l'Italie", d'après Christian Sivy. Le parquet sollicitera leur placement en détention. Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison.

Dans ce dossier, la notion de trafic a été retenue car les suspects "semblent avoir démarché comme intermédiaires à la fois des couples en manque d'enfant et des femmes en situation de détresse sociale, financière, à qui ils proposaient d'acheter et vendre leur bébé", souligne Brice Robin. Les "adoptants" ont également été mis en examen vendredi, sous contrôle judiciaire.

La "détresse" de la mère adoptive

Le personnel de la maternité de l'hôpital Nord, où est né ce bébé, a été "interpellé" par la présence permanente de ces "adoptants" au chevet de la jeune femme, âgée de 32 ans, mère déjà de 5 enfants et qui a quitté les lieux, contre l'avis médical, sans le bébé. Vivant dans un camp rom des quartiers nord, elle a rallié la Roumanie le jour de la vente. Elle pourrait y être bientôt entendue. Elle était "particulièrement triste", selon Brice Robin, évoquant aussi sa "détresse".

L'autre vente a eu lieu en mai à Ajaccio, où le parquet a ouvert une information judiciaire, mais sur laquelle Brice Robin n'a pas donné de détail. De source judiciaire à Ajaccio, on évoque cependant la venue de Roumanie en Corse de femmes enceintes, qui seraient ensuite reparties. La police a fait échouer une autre tentative similaire à Marseille, alors que la mère était encore enceinte.

Les deux informations judiciaires pourraient être jointes à Marseille, en fonction de la décision des juges d'instruction.

L. B. avec AFP