BFMTV
Police-Justice

Trafic d'antiquités: le Louvre Abu Dhabi et le Louvre se constituent partie civile

L'ancien directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, à Abu Dhabi (Émirats arabes unis), le 2 décembre 2016

L'ancien directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, à Abu Dhabi (Émirats arabes unis), le 2 décembre 2016 - KARIM SAHIB © 2019 AFP

Après la mise en examen mercredi dernier de l'ex-président-directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, dans le cadre d'une enquête sur un trafic d'antiquités égyptiennes, le Louvre et son antenne à Abu Dhabi ont annoncé lundi qu'ils se constituaient partie civile.

Le Louvre Abu Dhabi et le musée de Louvre ont annoncé lundi se constituer partie civile dans l'enquête sur un trafic d'antiquités pillées au Proche et au Moyen-Orient, dans laquelle un ex-président du plus grand musée du monde, Jean-Luc Martinez, a été mis en examen.

Le Louvre met en avant son "éthique impeccable"

"Compte tenu du scandale dont on parle aujourd'hui et dont le Louvre Abu Dhabi est la première victime, il est inconcevable que nous ne nous constituions pas partie civile", a indiqué à l'AFP Jean-Jacques Neuer, avocat de l'institution culturelle du plus grand émirat des Émirats arabes unis.

"Le Louvre Abu Dhabi est victime d'un trafic d'antiquités égyptiennes alors que c'est une institution culturelle phare connue du monde entier. Comme elle a une éthique impeccable sur ces sujets, elle souhaite connaître exactement ce qui s'est passé et faire toute la lumière sur ce dossier", a-t-il ajouté. Le musée du Louvre a indiqué faire de même lundi soir dans un communiqué, soulignant "avec force l'engagement total, continu et reconnu" de ses équipes scientifiques "pour lutter conte le trafic illicite de biens culturels".

Né d'un accord intergouvernemental signé en 2007 entre les Émirats Arabes Unis et la France et lié notamment au musée du Louvre par un accord de coopération, le Louvre Abu Dhabi dépend du ministère de la Culture et du Tourisme de l'émirat d'Abu Dhabi. Il avait été inauguré en grande pompe en novembre 2017 par le président français Emmanuel Macron.

Jean-Luc Martinez a-t-il fermé les yeux sur de faux certificats ?

L'ex-président-directeur du Louvre Jean-Luc Martinez a été mis en examen mercredi pour "complicité d'escroquerie en bande organisée et blanchiment par facilitation mensongère de l'origine de biens provenant d'un crime ou d'un délit" et placé sous contrôle judiciaire. Il conteste les faits "avec la plus grande fermeté", selon sa défense.

Selon le Canard enchaîné, qui a révélé sa mise en cause, les enquêteurs cherchent à savoir si Jean-Luc Martinez a "fermé les yeux" sur de faux certificats d'origine de cinq pièces d'antiquité égyptiennes acquises "pour plusieurs dizaines de millions d'euros" par le Louvre Abu Dhabi. Parmi ces pièces figure une stèle en granit rose gravée au nom du roi Toutânkhamon.

Une enquête préliminaire ouverte dès juillet 2018

Une enquête préliminaire, confiée à l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, avait été discrètement ouverte en juillet 2018 par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée du parquet de Paris.

Les investigations ont été confiées à un juge d'instruction en février 2020. Au moins trois autres personnes - un expert en archéologie méditerranéenne, un marchand et un galeriste germano-libanais - sont mises en examen dans ce dossier. Ce trafic concernerait des centaines de pièces et porterait sur plusieurs dizaines de millions d'euros, selon des sources proches à l'époque.

R.V. avec AFP