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Tours: un collectif controversé accuse une institutrice d'attouchements

Une capture d'écran de la vidéo, dans laquelle une responsable locale du collectif accuse une institutrice.

Une capture d'écran de la vidéo, dans laquelle une responsable locale du collectif accuse une institutrice. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

L'association "Journée de retrait de l'école" reproche à une institutrice d'avoir demandé à deux élèves de trois ans de se toucher mutuellement devant la classe. Les enseignants sont scandalisés.

L'école maternelle de la Blotterie à Joué-les-Tours, en Indre-et-Loire, est secouée depuis vendredi par une affaire grave. La mère d'un élève de 3 ans, soutenue par le collectif controversé "Journée de retrait de l'école", accuse une enseignante de 51 ans d'avoir déshabillé son fils, ainsi qu'une petite fille, et de leur avoir demandé de se toucher mutuellement, dans le cadre d'un prétendu cours d'éducation sexuelle.

L'affaire a très rapidement été amplifiée par une vidéo postée sur Youtube, et dans laquelle la responsable locale du collectif, qui est présidé par une proche de l'extrême droite, Farida Belghoul, dénonce ces faits présumés. La vidéo, vue plus de 50.000 fois en deux jours, s'est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, relayée notamment par Alain Soral sur son site.

L'enseignante, effondrée selon son entourage, a porté plainte au commissariat de Joué-les-Tours. Joint par BFMTV.com, le parquet de Tours a confirmé qu'une enquête était diligentée par les policiers concernant une "infraction pour diffamation contre un fonctionnaire par voie publique". L'enfant de 3 ans, dans le cadre de cette enquête, sera auditionné.

Un petit garçon "tout nu" en classe?

L'histoire a démarré la semaine dernière, lorsque la directrice de l'école a été sollicitée par la responsable locale du collectif, Dalila Hassan, pour un rendez-vous avec la mère d'un élève de la maternelle de la Blotterie.

De nationalité tchétchène et parlant très mal français, la femme, à l'aide d'une proche traduisant ses propos, a expliqué que son fils de trois ans, mercredi, avait refusé d'être déshabillé et de prendre son bain, contrairement à son habitude. Il aurait ensuite expliqué à sa mère que la maîtresse lui aurait baissé le pantalon, ainsi que celui d'une petite fille, et qu'elle lui aurait demandé de "toucher son zizi", devant le reste de la classe.

En réponse à cet épisode, le collectif "Journée de retrait de l'école" a notamment incité les parents de l'école à ne pas scolariser leurs enfants lundi en invoquant "une réunion solennelle de famille", dans le cadre d'une journée de retrait prévue de longue date. "Cet appel a été peu suivi à La Blotterie", a indiqué le rectorat à BFMTV.com lundi midi.

L'enseignante soutenue par tous ses collègues

Interrogée par la directrice, l'assistante maternelle, qui accompagne l'institutrice et ne quitte jamais la classe, a nié fermement les faits dénoncés. Pour l'ensemble du corps enseignant, l'innocence de la maîtresse ne fait pas l'ombre d'un doute. "Les instituteurs ont exercé leur droit d'alerte, et ont tous accompagné leur collègue ce matin, qui craignait pour son intégrité physique", explique à BFMTV.com un responsable syndical de Sud-Education.

Du côté de l'inspection académique d'Indre-et-Loire, jointe par BFMTV.com, le discours est le même. "L'enseignante est chevronnée et a toute notre confiance et notre soutien, même si une telle accusation n'est pas prise à la légère. Nous réfléchissons à une éventuelle suite judiciaire pour cette dénonciation calomnieuse, ainsi qu'à une réponse pédagogique à apporter pour rassurer les parents."

Ce n'est pas la première fois que le collectif dénonce des faits liés à la sexualité au sein d'écoles françaises. En janvier dernier, par un envoi massif de sms, "Journée de retrait de l'école" avait averti des parents que les instituteurs allaient donner des cours de masturbation aux enfants, ou encore que des peluches en forme de pénis ou de vagins allaient être distribuées en classe. Joint par téléphone, le collectif a refusé de s'exprimer sur l'affaire, opposant une fin très claire de non-recevoir: "Nous ne parlons pas aux médias."

Alexandra Gonzalez