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Police-Justice

Tibéhirine: le juge Trévidic obtient un feu vert pour les autopsies

Photo non datée de six des sept moines Trappistes enlevés et assassinés en 1996.

Photo non datée de six des sept moines Trappistes enlevés et assassinés en 1996. - -

Le juge français Marc Trévidic a obtenu en Algérie le feu vert pour autopsier en 2014 les têtes des moines de Tibéhirine, dans le cadre de son enquête sur leur assassinat en 1996.

C'est une véritable avancée pour l'enquête du juge Marc Trévidic. Le juge français a obtenu en Algérie le feu vert pour autopsier en 2014 les têtes des moines de Tibéhirine, dans le cadre de son enquête sur leur assassinat en 1996, a indiqué l'avocat de proches des religieux, Me Patrick Baudouin.

Le magistrat antiterroriste, qui s'est rendu en début de semaine en Algérie, n'a en revanche pas obtenu l'autorisation de réaliser lors de sa prochaine visite une série d'auditions de témoins qu'il réclamait, a précisé Me Baudouin.

Les auditions d'une vingtaine de témoins et l'autopsie des crânes des moines constituaient les deux aspects essentiels de la commission rogatoire internationale (CRI) adressée en décembre 2011 à l'Algérie.

Têtes retrouvées au bord d'une route

Enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé, près de Medea (sud d'Alger), les religieux avaient été assassinés. Le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni, parfois soupçonné d'avoir été un agent infiltré des services algériens, avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat.

Les têtes des religieux avaient été retrouvées le 30 mai au bord d'une route de montagne, mais leurs corps ne l'ont jamais été, soulevant l'hypothèse que cette absence de dépouille ait été destinée à masquer les causes de leur mort.

Après avoir suivi la thèse islamiste, le juge Trévidic a réorienté l'enquête vers une possible bavure de l'armée algérienne, depuis 2009, et le témoignage d'un ancien attaché de défense à l'ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter.

Selon lui, les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères militaires tandis qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de jihadistes.

Intervention du Président Hollande

Lors de sa visite en Algérie, Marc Trévidic a pu rencontrer le juge qui conduit l'enquête algérienne sur ces assassinats. Ce dernier sera présent lors des autopsies, qui pourraient intervenir dans les prochains mois, selon une source proche du dossier.

Le magistrat algérien a indiqué au juge français qu'il lui communiquerait des éléments des auditions demandées.

Les proches des moines de Tibéhirine, qui demandaient de longue date que le juge puisse aller en Algérie, en ont plusieurs fois appelé à l'intervention de François Hollande, qui avait évoqué le sujet à Alger en décembre 2012 avec son homologue Abdelaziz Bouteflika.

"L'intervention du président Hollande pourrait avoir été déterminante pour permettre au juge français de se rendre en Algérie et d'obtenir un début de coopération", a estimé Me Baudouin.