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Terrorisme

Un voisin des terroristes de Saint-Denis témoigne du "cauchemar" pendant l'assaut

Noureddine dormait dans son appartement le 18 novembre lorsque les forces de l'ordre ont mené leur opération contre les terroristes des attaques en Ile-de-France du 13 novembre. Placé en garde à vue, il a finalement été mis hors de cause. BFMTV a pu recueillir son témoignage.

Le regard hagard, Noureddine s'exprime comme s'il n'avait toujours pas compris ce qui vient de lui arriver. L'homme revient de loin. Le 18 novembre, il dort dans le même immeuble que les terroristes suspectés d'être les auteurs des attentats qui ont ensanglanté la capitale et les abords du Stade de France quelques jours plus tôt. En pleine nuit, le RAID mène une opération contre les auteurs des attaques qui se sont cachés dans un appartement de Saint-Denis. Le jeune homme a reçu une balle au cours de l'assaut et a ensuite été placé en garde à vue à la sous-direction anti-terroriste. Il a finalement été mis hors de cause. BFMTV a pu recueillir son témoignage.

Assis sur le lit d'une chambre impersonnelle, casquette sur la tête, Noureddine décrit le fil des évènements. "J'ai entendu juste un bruit: boum! C'était grave", se rappelle-t-il d'un geste ample pour montrer l'ampleur de la déflagration. "Moi-même j'ai crié, j'ai sauté de mon lit. Je croyais que les meubles allaient tomber", explique-t-il en regardant au plafond comme si la scène pouvait se reproduire. C'est à ce moment-là qu'il a jeté "un coup d'œil à la fenêtre et qu'il a reçu la balle".

"Et c'est là qu'ils ont tiré sur moi"

Noureddine mime alors chaque action: comment il a ouvert le rideau, s'est penché à la fenêtre et à regarder à gauche puis à droite. "Il y avait une fenêtre dans l'immeuble en face de moi. Et c'est là qu'ils ont tiré sur moi", dit-il en refaisant le geste de la personne qui l'a tenu en joug. Notre journaliste lui demande alors s'il s'agissait des policiers, il répond oui.

Il montre alors son avant-bras intérieur recouvert d'un large pansement blanc. Avec le doigt, il désigne l'emplacement des 38 points de suture nécessaire pour refermer sa plaie. Il présente même une photo prise avec son téléphone portable de sa peau à nue recousue.

"Je vois leur lampe rouge"

Au bout de 15 minutes ou 20 minutes évalue-t-il, ils ont arrêté. Ce voisin malheureux sort alors par la porte. Il lève ses deux bras en l'air, les mains sur la tête. "Dès que j'ai fait un pas, ils m'ont vu et là c'était un cauchemar. Tout le monde a braqué leur kalach sur moi (sic), je vois leur lampe rouge", rapporte-t-il en montrant fébrilement différents endroits sur son torse. "Je ne savais pas qu'il y avait des terroristes au troisième étage", lance-t-il incrédule, en ajoutant "je ne dors plus normal. Je ne suis plus normal".

Elise Maillard avec Mathias Tesson et David Bouteiller (vidéo)