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Terrorisme

Un rescapé sauvé au Bataclan: "Prouvez-nous que c'est la police"

Thierry était au Bataclan lors de la prise d'otages.

Thierry était au Bataclan lors de la prise d'otages. - Capture BFMTV

Thierry était au Bataclan vendredi soir. Il se trouvait au premier étage de la salle de concerts quand les terroristes sont arrivés. Une journée harassante lui avait fait préférer cette partie plus calme de la salle, lui qui d'habitude préfère vivre ses concerts dans la fosse.

Il est un habitué des salles de concert. Thierry était au Bataclan vendredi soir, il était venu rejoindre des amis, des connaissances. Il a vécu la fusillade, la prise d'otages, l'envie de s'en sortir à tout prix, jusqu'à la libération finale. Aujourd'hui, une image lui reste en tête, celle d'une jeune fille au sol dans le coin fumeur, son corps "mitraillé", comme il raconte sur BFMTV.

"Embouteillage"

Il est 20h30 quand Thierry arrive au 50 boulevard Voltaire. Ses amis vont profiter du bar, lui préfère aller dans la salle. Il va se placer à son endroit habituel "à gauche dans la fosse". Mais ce soir-là, ce routard du concert est fatigué et voit des places disponibles en haut de la salle. Il va s'y installer, tout seul.

"Au bout de 45 minutes d’un seul coup 'tac tac tac' ça mitraille et la lumière s’allume", se rappelle Thierry. "Je vois le groupe partir, j’ai plongé, j’ai rampé pour partir vers les backstage (les coulisses, Ndlr) car je sais que la sortie est là."

Thierry réussit alors à atteindre un escalier: "Il y a une porte battante pour descendre l’escalier et là il y a embouteillage", détaille-t-il. "Certains montaient, d’autres descendaient et encore d’autres prostrés à mi-chemin. Il fallait prendre une décision".

Grenades, tirs et silence

Là, il va pouvoir atteindre une porte entre le rez-de-chaussée et le premier étage: "J’ai vu un ami, je l’ai attrapé par le bras, je lui ai dit ‘rentre’, j’ai fermé la porte et j’ai mis le verrou". Il se retrouve enfermé avec "20-30 personnes". L'une d'entre elles décide de bloquer la porte avec un canapé et le réfrigérateur de la pièce. Puis le silence, une première fois.

Les otages entendent parler derrière la porte, entendent les coups de feu. Certains crient, pleurent, appellent à l'aide. "D’un seul coup, on a entendu une grenade assourdissante puis des tirs dans tous les sens", poursuit Thierry. Enfin, une nouvelle fois le silence.

"On a entendu frapper, 'c’est la police, 'ouvrez', on a dit 'prouvez-nous que c’est la police'."

La prise des otages est terminée, les assaillants sont morts mais rien n'y fait, Thierry et son groupe vont rester enfermés une vingtaine de minutes avant que tous décident d'ouvrir finalement la porte aux forces de l'ordre. Là, ils verront le corps d'un kamikaze, "en jogging noir, recroquevillé". Ils devront enjamber d'autres corps, ceux des victimes, avant de retrouver la liberté.

J.C.