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Terrorisme

Salafistes: "On a risqué notre vie pour montrer ce que pensent ces gens"

François Margolin et Lemine Ould M. Salem étaient les invités de Philippe Gaudin mardi soir dans BFMStory. Ils sont les co-réalisateurs du film Salafistes, un documentaire qui suscite la polémique.

Une heure dix en immersion chez les salafistes du Sahel. François Margolin et Lemine Ould M. Salem ont réalisé un documentaire qui lève le voile sur le monde très fermé des salafistes. Le film dérange certains par son traitement, sans voix off, ni commentaire ou contrepoint de spécialistes. Le film attend encore sa classification. Il pourrait être interdit aux moins de 18 ans, alors que sa sortie est prévue ce mercredi. Les auteurs ont expliqué leur démarche mardi soir sur BFMTV. 

Le film a été tourné dans le nord du Mali, en Mauritanie, en Tunisie, en Irak et en Algérie. "Je ne pouvais pas y aller sous peine, sans doute, de me faire couper la gorge", a expliqué François Margolin. La plus grande prudence a donc été de mise. Les interviews ont été obtenues grâce à un très long travail d'approche qui a demandé trois ans. "On a risqué nos vies, on l'a fait dans des conditions incroyablement difficiles parce que personne ne l'avait fait jusque-là", a confié le réalisateur. 

"Eviter de leur servir de tribune"

Il était fondamental pour les documentaristes de comprendre la pensée de ces personnes, mais pas pour la justifier. "Il faut préciser qu'au départ, le principe était d'éviter de leur servir de tribune", a tenu à préciser Lemine Ould M. Salem. Mais "évidemment, nous étions chez eux, il y avait un certain nombre de règles", a-t-il concédé. Les interviews étaient préparées à l'avance. Les mêmes questions ont quasiment été posées à l'ensemble des responsables rencontrés. Un autre questionnaire était utilisé avec les habitants de la ville. 

Lemine Ould M. Salem réfute la critique sur l'absence de contrepoids: "Il ne s'agit pas d'un contrepoids classique comme un spécialiste qui a lu des centaines de pages sur le salafisme mais des habitants qui ont vécu sous le règne de ces gens-là", a-t-il avancé.

"Eux savent très bien ce qu'on est"

Pour François Margolin le projet du film ne vise absolument pas à faire l'apologie des salafistes. "Si on a risqué notre vie pour cela", explique-t-il, "c'est pour montrer ce que pensent ces gens. Eux savent très bien ce qu'on est, ce qu'on pense. Certains ont vécu ici. On voulait savoir ce qu'ils avaient en tête. Je crois qu'aujourd'hui les gens ont besoin de savoir". Le réalisateur reconnaît toutefois qu'il y a toujours un risque "qu'il y ait des gens qui soient fascinés". 

Lemine Ould M. Salem souligne enfin qu'en France, "les gens sont habitués aux salafistes jihadistes essentiellement banlieusards". Selon lui, le spectateur peut être surpris par le discours extrêmement bien structuré de leur interlocuteur. "C'est ce qu'il faut montrer. Il ne s'agit pas de petits voyous écervelés, de délinquants en manque de reconnaissance sociale. Il y a un discours jihadiste et c'est celui-là qu'il faut écouter pour le comprendre", a-t-il insisté. 

Elise Maillard