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Terrorisme

Saint-Etienne-du-Rouvray: le rôle d'Internet dans la radicalisation pose question

Internet a joué un rôle majeur dans la radicalisation d’Abdel Malik Petitjean et d’Adel Kermiche. Sans se connaître, les deux assaillants de l’église de Saint-Etienne du Rouvray auraient élaboré leurs plans sur les réseaux sociaux.

Pour beaucoup de jihadistes, les réseaux sociaux sont devenus un moyen efficace de diffuser leur propagande. Chez certains jeunes, Internet est le facteur principal de l’embrigadement. Pour l’imam de la mosquée de Saint-Etienne du Roubray Mohammed Karabila, c’était notamment le cas d’Adel Kermiche, qui “devait fréquenter la mosquée Google”.

C’est en utilisant les réseaux sociaux qu’il serait entré en contact avec Abdel Malik Petitjean, estime le consultant politique-justice de BFMTV Dominique Rizet, pour qui “la seule explication possible et plausible est Internet”.

Les deux terroristes présumés auraient notamment communiqué sur le système de messagerie russe Telegram, qui ne permet d'échanger qu'en données cryptées, comme le montre les captures d'écran du téléphone d'Adel Kermiche, dévoilées par L'Express.

Pour Dominique Rizet, Internet est “le catalyseur de tous ces gens-là, qui se retrouvent sur des plateformes de discussion, les réseaux sociaux, qui échangent des sentiments, puis des idées”. “Il va falloir réfléchir à des mesures pour bloquer certains réseaux sociaux et les empêcher de se rencontrer comme ça”, a-t-il suggéré.

Promouvoir un contre-discours

Pour lutter contre la propagande jihadiste, les géants de l’Internet devront mettre en place de nouveau moyens. Facebook et Google avaient déjà fait usage d’un logiciel supprimant les vidéos de propagande, Twitter avait lui suspendu plusieurs comptes liés à Daesh ou faisant l’apologie du terrorisme. Mais ils doivent aller encore plus loin, estime Mohamed Chirani, qui rappelle que Daesh a diffusé plus de 1.000 vidéos de propagande en trois ans.

“Internet est un océan, donc quoi qu’on enlève il y aura toujours des contenus de propagande. L’autre action est de promouvoir un discours plus positif et aider à le promouvoir via la publicité et promotion sur Internet. Il faut aider à promouvoir un contre-discours radical”, propose-t-il.

Le député de la Charente-Maritime Olivier Falorni suggère, lui, que les grands groupes ferment volontairement les yeux sur cette propagande terroriste. “Ils se fichent complètement de cette problématique-là. Facebook met peut-être cinq minutes pour enlever la photo d’une femme dénudée sur son réseau, par contre les vidéos de Daesh circulent allègrement”, déplore-t-il.

Olivier Falorni émet également l’idée d’attaquer ces sociétés en justice pour complicité de terrorisme.

F. H. avec Marine Scherer