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Terrorisme

Saint-Denis: "Tout laisse à penser que le commando pouvait passer à l'acte"

Le procureur de la République de Paris, François Molins, a livré des détails sur l'avancée de l'enquête sur les attaques perpétrées le 13 novembre dans la capitale, quelques heures après un assaut mené à Saint-Denis, qui visait à arrêter Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats.

Le procureur de la République de Paris, François Molins, a indiqué ce mercredi lors d'une conférence de presse, que le commando neutralisé dans la matinée à Saint-Denis, dans le cadre de l'enquête sur les attentats perpétrés vendredi à Paris et Saint-Denis, "pouvait passer à l'acte".

Il a également indiqué que les deux individus activement recherchés, Abdelhamid Abaaoud, soupçonné d'être le commanditaire des attaques du 13 novembre, et Salah Abdeslam, l'un des assaillants, en fuite, ne font pas partie des individus interpellés à Saint-Denis. Des vérifications sont en cours pour savoir s'ils font partie des individus tués dans l'assaut.

> Le commando de Saint-Denis "pouvait passer à l'acte"

Lors de l'opération, déclenchée à 4h20 ce mercredi sur un appartement rue de Corbillon à Saint-Denis, "une nouvelle équipe de terroristes a été neutralisée et tout laisse à penser que, au regard de leur armement, leur organisation structurée et leur détermination, ce commando pouvait passer à l'acte", a déclaré François Molins, précisant que les enquêteurs ont reçu lundi un témoignage sur la présence en France d'Abdelhamid Abaaoud, soupçonné d'être le cerveau des attaques de Paris et de très nombreux projets d'attentats terroristes en Europe pour le compte de Daesh, et activement recherché. 

> Un témoignage évoquant la présence d'Abaaoud en France

Selon le procureur, les enquêteurs se sont orientés vers la piste de cet appartement après avoir recueilli un témoignage faisant état de la présence d'Abaaoud sur le territoire français. "Ce témoignage reçu lundi 16 novembre, pris avec tant de sérieux que de précautions, a fait l'objet de nombreuses vérifications téléphoniques et bancaires", a précisé François Molins.

"Les très nombreuses investigations menées par les enquêteurs nous ont amené à identifier un immeuble situé rue Corbillon à Saint-Denis, possible lieu de retranchement d'Abaaoud dans un appartement situé au troisième étage", a par ailleurs indiqué le procureur.

> 5.000 munitions tirées par les policiers

François Molins est revenu sur la violence de l'assaut. "Cette nuit cinq policiers du Raid ont été blessés. Il s'est agit d'un assaut d'une extrême difficulté, la porte blindée de l'appartement ayant résisté dans un premier temps aux charges explosives du Raid, ce qui a permis aux terroristes de préparer leur riposte. Des tirs très nourris et quasi-ininterrompus s'en sont suivis pendant près d'une heure, plus de 5.000 munitions ont été tirées du côté police".

La conduite des opérations à été rendue "extrêmement difficile", selon le procureur, compte tenu du caractère complexe de l'opération, qui a "nécessité l'usage de fusils d'assaut, de tirs de snipers, de grenades offensives, d'explosifs", et au cours de laquelle un terroriste s'est fait exploser, provoquant la destruction partielle de l'immeuble et l'effondrement du plancher du troisième étage.

> Abdelhamid Abaaoud Salah Abdeslam ne font pas partie des interpellés

Huit personnes, sept hommes et une femme, ont été interpellées et placées en garde à vue à l'issue du raid de Saint-Denis. Mais François Molins a indiqué qu'"Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam ne font pas partie des gardés à vue".

Les autorités n'étaient pas en mesure de donner mercredi soir un bilan précis de l'assaut, qui a fait "au moins deux morts" selon François Molins, parmi les occupants de l'appartement. Une explosion a notamment retenti, révélant la commission d'une action kamikaze, qui aurait pu être menée par une femme, mais "ce point doit être vérifié par l'examen des corps", a indiqué le procureur. Un corps criblé d'impacts a été retrouvé dans les décombres, et est toujours en phase d'identification. Celle-ci est rendue difficile par l'état du corps.

Le ministère de l'Intérieur n'a "pas exclu" qu'un "troisième terroriste" ait pu être tué dans l'assaut, les constations étant rendues difficiles par l'état des corps et des débris de corps.

Trois personnes, dont l'une était blessée par balles, ont été arrêtées dans l'appartement vers 4h45. Elles ont été immédiatement placées en garde à vue, et leurs identités sont encore en cours de vérification. Deux autres personnes ont été arrêtées dans les gravats. Trois autres personnes ont été interpellées, dont un homme qui a dit avoir hébergé dans l'appartement ciblé deux personnes "qui venaient de Belgique", à la demande d'un ami.

> Un SMS envoyé avant l'attaque du Bataclan

François Molins a également indiqué qu'un message a été envoyé le soir des attaques depuis un téléphone portable retrouvé près du Bataclan. Ce SMS disant "on est parti, on commence", a été retrouvé sur un téléphone découvert dans une poubelle à l'extérieur de la salle de concert du Bataclan.

"Les investigations s'attachent bien évidemment à déterminer quel est le destinataire de ce message", envoyé à 21h42, peu avant l'attaque, a précisé le procureur.

Adrienne Sigel