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Terrorisme

Qui est Fabien Clain, surnommé la "voix de Daesh" et tué en Syrie?

Fabien Clain, un des Français les plus recherchés par les services de renseignement, était surnommé "la voix de Daesh". C'est lui qui avait revendiqué les attentats du 13-Novembre.

Fabien Clain, "la voix de Daesh". C'est sous ce surnom que les Français découvrent cet homme le 14 novembre 2015. 24 heures après les terribles attentats de Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts, ce jihadiste français, qui a rejoint la Syrie en 2015, publie un message de revendication de plus de cinq minutes, dans lequel il félicite le commando de terroristes du 13-Novembre, tandis que son frère, Jean-Michel, chante des chants religieux.

Les services de renseignement ne découvrent pas Fabien Clain, tué mercredi par une frappe aérienne de la coalition internationale en Syrie, à cette occasion. Le Toulousain qui était âgé de 41 ans s'est converti à un islam radical dans le quartier du Mirail, d'où il est originaire, dès le début des années 2000. Son comportement, ses habitudes et ses fréquentations alertent l'antiterrorisme français à cette époque, et ils commencent à le suivre.

Membre de la filière d'Artigat avec Merah

A cette époque, Fabien Clain commence à fréquenter des islamistes radicaux. Il est alors proche de certains membres de la filière dite d'Artigat, du nom de ce petit village de l'Ariège où s'est installé Olivier Corel, surnommé "l'émir blanc". Autour de lui, un groupe de jeunes radicalisés qui organisaient le recrutement et l'acheminement de candidats au jihad vers l'Irak et la Syrie. Mohamed Merah, auteur des tueries de Toulouse et de Montauban, en faisait aussi partie. 

En 2007, Fabien Clain est arrêté pour sa participation à cette filière, considérée comme l’un des noyaux historiques du jihadisme français. Deux ans plus tard, l'homme est condamné à cinq ans de prison aux côtés de Thomas Barnouin, qui a rejoint la Syrie, Sabri Essid, demi-frère par alliance de Mohamed Merah, et cinq autres complices. Une fois sa peine purgée, Fabien Clain s'est installé en Normandie. Avant de prendre la direction de la Syrie avec sa femme, ses enfants et son frère Jean-Michel en 2015.

Activité de propagande

Sur place, les deux frères Clain retrouvent le frère de l'une de leurs soeurs, Mohamed Megherbi, arrêté en janvier 2018. Leur autre soeur a été arrêtée, elle, en 2016 à l'aéroport de Roissy, expulsée de Turquie alors qu'elle était suspectée d'avoir séjourné en Syrie avec son mari et ses 4 enfants. Pleinement implanté dans la hiérarchie de Daesh, Fabien Clain est considéré comme l'un des instigateurs de l'attentat avorté de Villejuif lorsqu'un étudiant algérien, islamiste radicalisé, Sid Ahmed Ghlam, a tué une mère de famille, Aurélie Châtelain, de deux balles pour lui voler sa voiture, et avait eu pour projet d’ouvrir le feu à la sortie de messe d’une église.

Fabien Clain refait parler de lui lors des attentats de Paris en novembre 2015. Son nom apparaît également dans l'enquête sur l'attentat de Magnanville dans lequel les policiers Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider ont été assassinés par Larossi Abballa. C'est au domicile de ce dernier qu'a été retrouvé le nom du jihadiste. Malgré le recul de Daesh en zone irako-syrienne, Fabien Clain, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt depuis juillet dernier, poursuivait ses opérations de propagande. Il y a à peine deux mois, il a publié un message audio de 13 minutes appelant à commettre de nouveaux attentats en France lors de la mobilisation des gilets jaunes.

Justine Chevalier