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Terrorisme

"Procès Jawad": "Je n’ai rien à voir avec Abdelhamid Abaaoud", clame Youssef Aït Boulahcen

Le procès de Jawad Bendaoud, dit "le logeur des terroristes", s’est ouvert ce mercredi devant le tribunal correctionnel. Comme attendu, une foule d’avocats, de victimes et de journalistes se sont massés devant la 16e chambre de Paris.

C’était une menace qui planait sur le procès qui s’est ouvert mercredi devant la 16e chambre correctionnelle de Paris. Jawad Bendaoud sera-t-il extrait de cette cellule pour être présenté à la cour? Alors que des syndicats de surveillants avaient indiqué vouloir empêcher l’extraction de celui que l’on surnomme "le logeur des terroristes", c’est celle de Mohamed Soumah, également jugé pour avoir trouvé un logement à Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, qui a perturbé le début des débats.

Jawad Bendaoud a quitté sa cellule de la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, vers 12h30 ce mercredi. Il n’a atteint la salle d’audience que vers 15 heures. Entre temps, l’extraction de Mohamed Soumah du centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis, en Essonne, a été perturbée. Le procès va démarrer avec 1h30 de retard. En attendant, devant la 16e chambre correctionnelle, se massent avocats, victimes et surtout journalistes. A leur arrivée, Me Nogueras et Me Lastelle, les conseils de Jawad Bendaoud et de Youssef Ait Boulahcen, sont les seuls à ne pas livrer leurs impressions.

Des avocats mécontents

La présidence du tribunal de grande instance de Paris avait prévu une forte affluence: une salle d’audience et deux autres pour une retransmission sur écran des débats. Alors que les avocats entrent au compte-goutte, les places manquent. Ils doivent se diriger de l’autre côté du palais de justice dans l’une des salles mises à disposition. "Il aurait fallu une autre organisation", râle un avocat qui n’a pas pu remettre des conclusions à la cour. A ses côtés, dans la salle des Criées, toutes les victimes venues assister à ce premier jour de débats. Pour cause: seulement deux d’entre elles ont pu entrer dans la salle d’audience.

Parmi les 500 victimes qui se sont constituées parties civiles, Aurore Bonnet. "Ca fait deux ans qu'on souffre et on a envie de voir quelque chose, on a envie de voir qu'ils assument", a insisté celle dont le mari Emmanuel est mort dans la salle de concert du Bataclan. Nombreuses autres victimes sont des anciens habitants de l’immeuble du 48, rue de la République, à Saint-Denis. C’est là que le Raid est intervenu le 18 novembre 2015 pour déloger Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh. "Nous voulons être connu comme des victimes", lancent-ils en chœur.

"Sont-ils des terroristes?"

Tous n’ont qu’un seul nom en tête, celui de Jawad Bendaoud. Ils devront attendre pour le voir s’expliquer. Polo blanc, cheveux attachés en catogan, lunettes à monture noire, nerveux à certain moment, en larmes à d’autres, il va écouter silencieusement la première journée du procès.

En introduction, le procureur résume les enjeux: "Vous devrez déterminer si juridiquement Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah sont des terroristes. La position du parquet est qu'ils ne le sont pas." En attendant, pendant plus de trois heures, c'est Youssef Aït Boulahcen qui a été questionné sur sa connaissance de l’Islam, sur les documents relatifs au jihad retrouvés dans son téléphone ou ordinateur et surtout sur ses liens avec sa sœur Hasna, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, qui a trouvé le logement de la rue de la République.

Lui est jugé pour "non-dénonciation de crimes ou d’auteurs de crime avec cette circonstance que ce crime consiste en un acte terroriste".

"Je suis ambulancier"

"Si j’avais su j’aurais pris ma sœur Hasna par le bras et je l’aurais emmenée au commissariat. Je ne l’aurais jamais laissée rejoindre Abaaoud", assure Youssef Aït Boulahcen, qui a été en contact à 91 reprises, que ce soit par SMS ou appels, juste après les attentats du 13-Novembre. "Je suis ambulancier, je suis secouriste (…) Je n’ai rien à voir avec Abdelhamid Abaaoud."

Toute l’après-midi, Youssef Aït Boulahcen, a avancé argument sur argument pour se dédouaner dans cette affaire. Le jeune homme de 25 ans, qui se présente comme "un bouc émissaire" pour les actes de sa sœur, l’a dépeinte comme quelqu’un d’instable. "Tous les contacts que j’ai eus avec ma sœur étaient flous, elle n’était pas claire", poursuit l’ambulancier en parlant des jours suivants les attaques. Tout ce que me dit ma sœur, je prends tout au second degré, elle veut faire du buzz, elle a des troubles, elle ment tout le temps. (…) Elle est comme une gazelle qui s'offre aux crocodiles. Elle va sur Facebook et elle se fait manger."

Pour éviter les "amalgames", Youssef Aït Boulahcen a changé de nom de famille: "Dans la mesure où ma soeur était impliquée avec Abaoud, j’ai voulu changer de patronyme dans mon intérêt et celui de mes futurs enfants."

Justine Chevalier