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Terrorisme

Plan vigipirate: stop ou encore? Hollande doit trancher 

Le Plan Vigipirate est censé être déclenché au moins jusqu'au début de l'été.

Le Plan Vigipirate est censé être déclenché au moins jusqu'au début de l'été. - Jacques Demarthon - AFP

Entre les opérations de sécurité sur le territoire national, notamment via le plan Vigipirate, mais aussi de lourdes opérations à l'étranger, l'armée française est fortement sollicitée malgré une crise budgétaire et des effectifs en baisse. A ce titre, le président de la République va devoir faire des choix cruciaux ce mercredi.

Ce sont des arbitrages délicats. Le président François Hollande doit, ce mercredi matin, trancher sur les effectifs et le budget de l'armée, très sollicitée sur le sol national depuis les attentats de janvier. Le tout, malgré les baisses d'effectifs en cours.

Protection intérieure, et lourdes opérations extérieures

Le chef de l'Etat réunira à partir de 0 heures plusieurs ministres et responsables militaires pour un Conseil de défense censé inscrire dans la durée le rôle de l'armée dans la protection du territoire national, en plus de lourdes opérations extérieures.

Depuis les attentats jihadistes contre Charlie Hebdo et un hypermarché casher, qui ont fait 17 morts des 7 au 9 janvier, l'armée mobilise 10.000 hommes pour protéger des sites sensibles dans l'hexagone, notamment des lieux de culte juifs, notamment dans le cadre du plan Vigipirate.

Cette mobilisation, baptisée "opération Sentinelle" et dont le coût est estimé à un million d'euros par jour, durera au minimum jusqu'au début de l'été, avait décidé François Hollande lors d'un précédent Conseil de défense en mars.

De plus en plus de besoins?

Sur le long terme, il a prévu de fixer à 7.000 hommes la capacité de déploiement de l'armée de Terre pour protéger les sites et la population en France, sans donner de détails sur les moyens pour atteindre cet objectif. "Or, 7.000, avec les rotations, entraînements, etc... il faut multiplier le chiffre par trois", relève un connaisseur du dossier.

"Avec le dernier fait divers, il y aura encore plus de besoins, même si les autorités catholiques n'ont pas demandé un accroissement des surveillances", ajoute cette source, en référence à l'arrestation, le 19 avril, de Sid Ahmed Ghlam, un Algérien de 24 ans soupçonné d'assassinat et d'avoir projeté un attentat contre une ou deux églises à Villejuif, près de Paris.

Alors que 9.000 hommes sont déployés sur les théâtres d'intervention extérieure (Sahel, Centrafrique, Golfe...), les réductions d'effectifs prévues dans le cadre de l'effort budgétaire national paraissent de plus en plus difficiles à tenir.

10.000 postes supplémentaires sauvés?

Votée en 2013, la loi de programmation militaire (2014-2019) prévoyait 7.500 suppressions de postes par an dans les armées en 2015, 2016 et 2017.

En janvier, le président Hollande avait déjà renoncé à 7.500 de ces suppressions. Quelque 10.000 postes supplémentaires pourraient être sauvés, indiquait en mars le ministère de la Défense. Maintenir les effectifs de l'armée impliquera toutefois un surcoût de plusieurs centaines de millions d'euros par an, sur un budget déjà tendu.

La loi de programmation militaire prévoyait un budget de 31,4 milliards d'euros en 2015 pour la Défense. Problème: le budget était bouclé en misant sur des recettes exceptionnelles de 2,2 milliards d'euros liés à la cession de fréquences hertziennes de la TNT à des opérateurs privés.

Or cette vente a pris du retard et les 2,2 milliards manquent cruellement. Pour s'en sortir, le ministère de la Défense a proposé de créer des "sociétés de projet", des instruments juridiques qui achèteraient des matériels militaires (Airbus A400M et frégates) pour les louer à l'armée.

Michel Sapin vs Jean-Yves Le Drian

Mais le ministère des Finances, qui trouve cette solution coûteuse et inutile, ne l'entend pas de cette oreille. François Hollande devra donc trancher mercredi le bras de fer entre deux de ses proches, le ministre des Finances Michel Sapin et celui de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

"Que ce soit pour le budget 2015 ou à plus long terme sur la Loi de programmation militaire, la meilleure image est celle du Sapeur Camenbert, qui creuse un trou pour mettre la terre dans le trou qu'il vient de creuser", ironise le connaisseur du dossier.

Jé. M. avec AFP