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Terrorisme

Mélina Boughedir, jugée pour "terrorisme", risque la peine de mort

Mélina Boughedir a déjà été jugée pour "entrée illégale sur le territoire".

Mélina Boughedir a déjà été jugée pour "entrée illégale sur le territoire". - Stringer - AFP

La Française de 28 ans, qui a rejoint Daesh en 2015, est jugée à Bagdad depuis le 2 mai. Le verdict est attendu ce dimanche.

Elle ne pensait pas se retrouver devant un juge irakien. En février dernier, le retour en France de Mélina Boughedir, une Française qui a rejoint Daesh en 2015, n'était plus qu'une question de semaines. Pourtant, la jeune femme de 28 ans est à nouveau jugée par un tribunal de Bagdad ce dimanche pour "terrorisme". Juridiquement, elle risque la peine capitale à l'issue de cette audience.

A l'automne 2015, Mélina Boughedir quitte la France avec son mari et ses trois enfants. Via la Turquie, puis la Syrie, la famille atterrit en Irak, à Mossoul, capitale autoproclamée de Daesh en Irak. Condamné en France pour son appartenance au groupuscule islamiste Forsane Alizza, son mari rejoint les rangs de Daesh. Selon ses dires, celui qui est considéré comme mort était un simple "cuisinier" du groupe terroriste, pas un combattant.

Elle nie toutes les accusations

Mélina Boughedir est quant à elle arrêtée en juillet dernier dans les ruines de Mossoul, libérée par les forces irakiennes. Transférée dans une prison en banlieue de Bagdad, elle est jugée en février dernier pour "entrée illégale sur le territoire". La Française est condamnée à sept mois de prison, une peine couverte par la détention provisoire. Toutefois, elle n'est pas extradée. Après examen en appel de son dossier, le Conseil suprême des juges décide que la jeune femme doit être rejugée, cette fois-ci pour "terrorisme".

Lors d'une première audience au début du mois de mai, avant un report des débats, Mélina Boughedir s'est défendue d'avoir voulu rejoindre l'Etat islamique. "Il y a beaucoup de femmes qui sont là avec leur mari mais n’ont pas la croyance de Daesh", a -t-elle témoigné devant le tribunal pénal central de Bagdad, selon Le Monde. La Française a assuré avoir suivi son mari qui la menaçait de lui prendre ses trois enfants. Aujourd'hui, ces derniers ont été rapatriés en France et ont été placés. Une petite fille de bientôt un an est, elle, restée avec sa mère incarcérée en Irak.

Enjeux politiques

Le procès de Mélina Boughedir a pris samedi un enjeu politique. Les avocats français de la jeune femme, les premiers conseils occidentaux à se rendre en Irak, ont adressé un courrier au ministre des Affaires étrangères. Ils réagissent aux propos de Jean-Yves Le Drian qui a qualifié, jeudi, de "terroriste de Daesh" la Française. "Il s'agit d'une pression inacceptable sur la justice irakienne (...). Personne ne peut douter dans ces circonstances, si une peine lourde était prononcée demain, que celle-ci serait immédiatement mise en relation avec l'ingérence inacceptable dont vous vous êtes rendu responsable." 

Dimanche, seul l'avocat irakien de Mélina Boughedir va plaider. L'objectif sera donc bien, pour la défense, de démontrer qu'elle n'est pas une combattante. En avril, une autre Française de 29 ans a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité après avoir rejoint les rangs de l'Etat islamique. Djamila Boutoutaou avait expliqué avoir été dupée par son mari.

J.C.