BFMTV
Terrorisme

La mère d'un jihadiste condamnée: "Je sors avec un statut de terroriste, je suis en colère"

Nathalie Haddadi, la mère d'un jihadiste franco-algérien présumé mort en Syrie condamnée à Paris à deux ans de prison ferme, ce jeudi sur BFMTV.

Nathalie Haddadi, la mère d'un jihadiste franco-algérien présumé mort en Syrie condamnée à Paris à deux ans de prison ferme, ce jeudi sur BFMTV. - BFMTV

Nathalie Haddadi, la mère du jihadiste condamnée ce jeudi à deux ans de prison ferme pour avoir "financé le terrorisme" en envoyant de l'argent à son fils, va faire appel. Elle assure condamner "fermement le terrorisme" mais aimer ses enfants.

La mère d'un jihadiste franco-algérien présumé mort en Syrie a été condamnée ce jeudi à Paris à deux ans de prison ferme pour avoir "financé le terrorisme" en envoyant de l'argent à son fils, une condamnation dont elle va faire appel.

"Je condamne fermement le terrorisme"

"Je sors avec un statut de terroriste, je suis en colère", a déclaré Nathalie Haddadi sur notre antenne, en sortant du tribunal ce jeudi après-midi. Elle nie avoir financé une organisation terroriste. 

"Je condamne fermement le terrorisme, j'ai une pensée pour toutes les victimes dans le monde entier. Financer le terrorisme, financer une idéologie que moi-même je combats, que je ne cautionne pas? Ce n'est pas logique. C'est le procès d'une mère qui a aidé son fils. J'ai cru en lui, j'ai continué à croire en lui, ce sont nos enfants. Qu'est-ce que vous voulez faire? Les jeter? Il existe un remède, un médicament? On le prend, on oublie nos enfants et on les déteste parce qu'ils font des conneries? Il n'existe pas, on aime nos enfants."

"Scandaleux" de "condamner une mère de famille éplorée"

Son avocat, Hervé Denis, en colère, a dénoncé un jugement "inadmissible". Et a pointé une peine "invraisemblable". "Condamner une mère de famille éplorée, je trouve ça scandaleux. Ce n'est pas de la dureté, c'est de la méchanceté", a-t-il déclaré à l'issue de l'audience, souhaitant que ce jugement ne fasse pas jurisprudence.

"Deux mille parents aujourd'hui sont concernés par la situation de madame Haddadi. Parce que selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, ce sont 2000 Français qui sont là-bas (...) Cette affaire ne concerne pas que madame Haddadi, elle concerne tous les parents d'enfants radicalisés (...). Que l'État commence par regarder son nombril avant de regarder les nombrils des parents."

Pas d'incarcération immédiate

La justice reproche notamment à cette musulmane non pratiquante, conseillère commerciale en Alsace, d'avoir payé des billets d'avion pour l'Algérie à son fils, Belabbas Bounaga, qui y aurait rejoint son père début novembre 2015. Radicalisé, sortant de prison, il était alors visé par une interdiction de sortie du territoire français.

Elle était aussi accusée d'avoir caché aux autorités le passeport de son fils et, surtout, de lui avoir ensuite payé d'autres billets d'avion et fait parvenir quelque 2800 euros alors qu'il voyageait en Malaisie. De Malaisie, il avait fini par rejoindre l'organisation Daesh en Syrie. En août 2016, sa mère avait reçu un appel lui annonçant sa mort, à 21 ans.

Le tribunal correctionnel n'a en revanche pas ordonné l'incarcération immédiate de Nathalie Haddadi, comme l'avait requis le procureur lors de l'audience, le 5 septembre dernier. Le représentant de l'accusation avait demandé dix-huit mois d'emprisonnement. Le frère du jihadiste a été également été condamné à un an de prison avec sursis.

Céline Hussonnois-Alaya