La décapitation comme arme psychologique
Plantées sur des pics au vu des populations, comme vendredi sur les grilles d'une usine en Isère, les têtes des victimes des islamistes sont exhibées comme des trophées de guerre par les membres du groupe Etat islamique (EI). La décapitation est pratiquée par les groupes affiliées à Al-Qaïda en Irak, qui fut le précurseur de l'EI sous la houlette d'Abou Moussab al-Zarqaoui.
"La nouveauté, c'est l'exportation de ce mode opératoire", explique sur BFMTV, Anne Giudicelli, directrice de Terrorisc, cabinet de conseil sur les risques politico-sécuritaires
Egorgé et décapité
Le premier occidental à subir ce supplice fut le journaliste américain Daniel Pearl, égorgé puis décapité au Pakistan en février 2002. La décapitation avait décliné après la mort d'al-Zarqaoui en 2006, mais est revenue en force avec l'émergence de l'EI et la création d'un "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak.
Rita Katz, directrice de SITE, un mouvement d'observation du terrorisme, expliquait en septembre 2014 que le but de la décapitation et de sa diffusion en vidéo était de "recruter une petite minorité de musulmans radicalisés impressionnés par cette violence", qu'ils interprètent comme "une sorte de victoire".
Sentence de mort
Souvent mise en scène par le biais de tournages vidéo, c'est une arme psychologique destinée aux ennemis de l'extérieur et de l'intérieur qui permet de soumettre par la terreur des populations de zones en guerre. Cependant, les dignitaires religieux musulmans affirment qu'il n'y a pas de crime pour lequel la religion prescrit la décapitation, mais cette pratique fut répandue par les musulmans et non musulmans durant les guerres à l'époque de Mahomet et après.
De la Rome antique à la guerre civile algérienne, en passant par la Révolution française ou le Japon de la Deuxième Guerre mondiale, la décapitation fut souvent utilisée comme sentence de mort dans de nombreux pays mais n'était pas spécifique aux pays islamiques. Ce type de supplice, abandonné par la plupart des pays islamiques, demeure en Arabie saoudite, provoquant les critiques des associations de défense des droits de l'Homme.