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Terrorisme

"L'État a failli": le message politique des associations de victimes

L'hommage aux victimes du terrorisme dans les jardins de l'Hôtel national des Invalides, à Paris

L'hommage aux victimes du terrorisme dans les jardins de l'Hôtel national des Invalides, à Paris - BFMTV

Fraternité et solidarité lors de la cérémonie d'hommage aux victimes du terrorisme ce lundi. Mais les associations ont aussi interpellé François Hollande et lui ont adressé un message plus politique.

Recueillement ce lundi. Un hommage national aux victimes du terrorisme s'est tenu dans les jardins de l'Hôtel national des Invalides, à Paris, en présence du président de la République François Hollande et de nombreux membres du gouvernement et acteurs de la vie politique. Une cérémonie marquée par l'émotion.

"Restons forts et solidaires"

À la tribune, les proches et victimes des attentats ont pris successivement la parole. Tous ont évoqué la nécessité de fraternité face à l'horreur. Georges Saline, père de Lola, tuée au Bataclan le 13 novembre 2015, a été le premier à prendre la parole. Président de l'association 13-Novembre: fraternité et vérité, il a exprimé sa "solidarité et le lien invisible qui l'unit désormais à toutes les victimes du terrorisme".

"La violence qui cible des innocents doit être condamnée avec la plus extrême fermeté (…). La République française ne vaincra pas le terrorisme en trahissant ses valeurs mais en étant fidèle à son slogan liberté, égalité, fraternité", a-t-il ajouté.

Même appel à l'unité pour Maverick Touati, président de l'Association des victimes de l'attentat de Ouagadougou, dans laquelle il a perdu son père le 15 janvier 2016 au Burkina Faso. "Je veux croire que nous surmonterons ensemble cette partie sombre de notre histoire. Nous sommes réunis avec une quête commune: la mémoire de nos proches. Restons forts et solidaires."

"Unité nationale face à ce mal qui nous ronge"

Chloé, qui a perdu son père dans l'attentat du 13 mars 2016 à Grand Bassam, en Côte d'Ivoire, a quant à elle souhaité adresser "un message d'amour que je porte à notre patrie, mon attachement aux valeurs de la République", rappelant l'importance de "notre unité nationale face à ce mal qui nous ronge mais qui ne gagnera pas".

Lors de l'intervention très émouvante d'une rescapée de l'attentat de Nice du 14 juillet dernier, Yasmine Bouzergan Marzouk n'a pu retenir ses larmes. La jeune fille de 21 ans a rappelé l'importance de ne pas faire d'amalgame.

"Nous sommes une famille de confession musulmane, et il ne faut surtout pas faire d'amalgame car ces barbares n'ont ni loi, ni foi, ni religion", a-t-elle déclaré avec beaucoup d'émotion.

François Hollande interpellé

Organisé depuis dix-huit ans par des associations, l'hommage aux victimes du terrorisme a pris une tonalité plus politique. Certains de leurs représentants n'ont pas hésité à interpeller François Hollande.

"Monsieur le président de la République, oui nous sommes en guerre. Ceux qui nous frappent ont grandi parmi nous, ont fréquenté nos écoles de la République", a déclaré Pierre-Etienne Denis, président de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs.

Il a souhaité "que les conditions d'un vrai débat politique soient posées, au-delà des préjugés, postures et dénis, pour progresser dans la lutte contre le terrorisme". Il n'est pas le seul à s'être directement adressé à François Hollande. 

"Aujourd'hui je m'adresse directement à vous monsieur le président, mais aussi à vos successeurs, pour ma génération et celles à venir, pour mettre fin de manière définitive à ces actes de barbarie, (...) et que la haine cesse d'être attisée entre les différentes communautés", a également lancé Yasmine Bouzergan Marzouk.

D'autres victimes ont lancé un appel à la justice et à une réponse ferme de l'État. "A ces souffrances s'ajoutent mille questions qu'on ne peut laisser sans réponse. Je souhaite que la justice soit notre alliée. La recherche de la vérité, l'espoir de la connaître un jour. Je souhaite qu'il y ait davantage de moyens déployés face à cette menace", a ajouté Chloé, la fille d'une victime de l'attentat en Côte d'Ivoire.

"L'État a failli à les protéger"

Même appel à une réponse forte des institutions pour Pierre-Etienne Denis, président de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs.

"Monsieur le président, les victimes ont besoin de l'État même si parfois elles sont en colère contre l'État qui a failli à les protéger", a-t-il déclaré, évoquant une "obligation à agir et à réagir".

Message similaire pour Guillaume Denoix de Saint Marc, fondateur et directeur général de l'Association française des victimes du terrorisme. Selon lui, quand les associations "tapent du poing sur la table, c'est qu’elles sont à bout". Il a demandé que l'administration traite les victimes de manière "moins hautaine".

"Nous sommes souvent exaspérés de voir notre système administratif top lourd, trop long, trop bureaucratique. Il est impératif que les associations soient soutenues par l'État moralement et financièrement."

C.H.A.