BFMTV
Terrorisme

L'aumônier de la prison de Rouen voit "des bombes à retardement en prison"

Adel Kermiche, l'un des deux terroristes de la prise d'otages qui a eu lieu mardi à Saint-Etienne-Du-Rouvray, avait clairement manifesté ses envies de jihad. L'adolescent était fiché S et sous contrôle judiciaire. Invité mercredi sur BFMTV, Brahim Charifi, aumônier bénévole de la prison de Rouen, est revenu le phénomène de radicalisation en milieu carcéral.

Brahim Charifi intervient régulièrement dans les prisons à la demande des détenus ou de l'administration pénitentiaire. Invité sur BFMTV ce mercredi, il montre du doigt Internet et l'inaction du gouvernement face à la radicalisation au sein des prisons.

La propagande sur Internet

Mohamed Karibila, président du culte musulman de Haute-Normandie, parle "d'imam Google" pour désigner la propagande de Daesh sur la toile. A l'image d'Adel Kermiche, qui n'avait pas réussi à rejoindre la Syrie, Internet est un moyen pour les jeunes de s'informer seuls, sans contrôle parental.

"L'impact aujourd'hui d'Internet via Google et d'autres supports technologiques sont des parallèles de l'information. Les jeunes deviennent autodidactes et cherchent l'information par eux-mêmes. C'est très important que les parents, les éducateurs tentent de comprendre le phénomène de radicalisation via Internet", explique Brahim Charifi.

La prison, lieu privilégié de radicalisation

La prison reste un lieu important de radicalisation. Brahim Charifi a plusieurs fois fait face à des individus radicalisés.

"Je lutte avec mes propres moyens. Il y a deux sortes de demandes. La première c'est qu'un détenu formule une demande pour que j'aille le voir. Ou bien, si un détenu est soupçonné par l'administration pénitentiaire à cause d'une attitude inhabituelle ou des propos douteux, il me demande d'intervenir pour les aider à comprendre. Cela m'est déjà arrivé à plusieurs reprises d'intervenir à la demande de l'administration pénitentiaire auprès de gens qui ont montré des signes de radicalisation", raconte-t-il.

Pour Brahim Charifi, le constat est sans appel

Depuis les attentats contre Charlie Hebdo et du 13-Novembre, le budget consacré à la déradicalisation au sein des prisons a fortement augmenté mais, pour Brahim Charifi, il reste beaucoup de travail à faire.

"Ça fait trois ans que je le fais à titre bénévole. J'ai déjà envoyé à plusieurs reprises des courriers a l'administration pénitentiaire, au ministère de la Justice, a la préfecture de Rouen, je leur ai dit, et j'ai les preuves de ces lettres, qu'au sein des prisons il y a des bombes à retardement. Il faut agir au plus vite", déplore-t-il sur BFMTV.

H. B. S.