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Terrorisme

Homme abattu à Orly, policier blessé à Garges-lès-Gonesse: ce que l'on sait

Un homme a d'abord tiré sur des policier lors d'un contrôle routier avant d'agresser une militaire de l'opération Sentinelle à l'aéroport d'Orly. Il a été abattu par les collègues de cette dernière.

Il était peu après 8h30 quand le terminal Sud de l'aéroport d'Orly a été évacué. Un homme vient d'agresser une militaire en patrouille et s'est emparé de son arme. Les collègues de cette dernière ont répliqué: le suspect est mort. Rapidement, l'enquête va mener à un autre incident qui s'est déroulé quelques heures auparavant cette fois-ci à Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d'Oise. Un policier a été blessé lors d'un contrôle par un homme qui lui a tiré dessus.

L'homme était déjà connu des services de police et de renseignement. Le caractère terroriste de cette attaque se dessine.

> 6h55, un policier blessé dans le Val-d'Oise

Il est 6h55 quand des policiers de la sécurité publique de Stains procèdent au contrôle d'un véhicule à hauteur d'un carrefour à Garges-lès-Gonesse, à la frontière entre le Val-d'Oise et la Seine-Saint-Denis. L'homme, à bord de son propre véhicule, dans un premier temps, collabore et présente ses papiers d'identité, avant de sortir une arme. Avec son pistolet à grenaille, il tire sur les agents qui répliquent. "Il a tiré au niveau de la tête", a précisé François Molins, le procureur de Paris. Un policier de 29 ans va être blessé au visage par des impacts de plomb. Il a dû être hospitalisé.

L'homme prend la fuite à bord de sa Clio blanche, qu'il va abandonner sur un parking de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. A l'intérieur, les policiers vont découvrir un t-shirt ensanglanté, les papiers d'identité de l'homme et une carte professionnelle. Là, l'homme entre dans un bar et menace de séquestrer les clients "au nom d'Allah" avant de tirer une dizaine de fois. L'homme vole alors un autre véhicule, une Citroën Picasso, et prend la direction de l'aéroport d'Orly. La voiture va être retrouvée sur le parking P3 de l'aéroport. 

"Il y a une fuite en avant dans un processus de plus en plus destructeur", a estimé le procureur de la République de Paris.

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> 8h30, l'agression des militaires

Une fois arrivé à l'aéroport d'Orly, l'homme va prendre la direction du hall 1 du terminal Sud. A ce moment-là, trois militaires de l'opération Sentinelle effectuent une patrouille. Ils font partie de l'armée de l'air, l'un d'entre eux est réserviste. L'homme va alors arriver par derrière et saisir par le cou une militaire, âgée d'une vingtaine d'années, selon des images de vidéosurveillance que nous avons pu consulter en partie. Il pointe alors une arme de poing sur la tempe de la femme. Ses collègues ne peuvent tirer alors que l'assaillant se sert comme bouclier de la militaire. S'en suit une lutte violente au cours de laquelle la victime tombe au sol, l'homme tente alors de lui arracher son fusil d'assaut avant d'y parvenir.

"Posez vos armes, mains en l'air, je suis là pour mourir par Allah (...) Il va y avoir des morts", a déclaré l'homme selon le procureur de la République de Paris, François Molins.

L'un des militaires a alors fait feu. L'homme est mort.

Dans son sac à dos seront par la suite retrouvés un bidon d'essence, un Coran, des cigarettes et un briquet. 

> 3.000 personnes évacuées

Immédiatement, les autorités ont procédé à l'évacuation des 3.000 passagers qui se trouvaient dans le terminal Sud afin de procéder à des vérifications. Ceux du terminal Ouest ont été confinés tout comme les voyageurs dans les avions qui venaient d'atterrir. La direction d'Aéroport de Paris a appelé les passagers à ne pas se rendre à Orly et le trafic a été totalement interrompu. Des vols ont été détournés vers Roissy. Le trafic a pu reprendre progressivement à partir de 15 heures samedi.

> Un agresseur connu des services de police

L'homme a été identifié rapidement notamment grâce à ses papiers d'identité découverts dans son véhicule. Il s'agit d'un Français de 39 ans né à Paris. L'agresseur de la militaire était connu des services de police et de renseignement. Son casier judiciaire comporte neuf condamnations pour des faits de droit commun comme du trafic de drogue. Il faisait également l'objet d'une fiche J dans le cadre d'un contrôle judiciaire dans une affaire de vol par effraction. Pour cela, il était sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire.

L'homme intéressait également les services de renseignement pour ses relations avec des individus radicalisés. En 2015, il avait fait l'objet d'une perquisition administrative à la suite des attentats du 13 novembre. Cette dernière n'avait rien donné.

> Des gardes à vue et des perquisitions

L'enquête en est à son commencement. Le frère et le père de l'homme se sont présentés spontanément au commissariat de Vitry-sur-Seine. Quelques heures auparavant, ils recevaient à 7h16 un message de leur proche: "J'ai fait une connerie, j'ai tiré sur des policiers". Comme le veut la procédure, ils ont été placés en garde à vue. Un troisième homme, le cousin de l'agresseur, s'est lui aussi rendu au commissariat avant d'être placé en garde à vue.

Dans le même temps, des perquisitions sont menées au domicile de l'homme abattu, à Garges-lès-Gonesse. Un vaste périmètre a été instauré autour de l'immeuble alors que le raid et une équipe de déminage a été déployée.

Justine Chevalier