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Terrorisme

Groupuscule AFO: que sait-on de la menace de l'ultradroite?

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L'interpellation de 10 personnes soupçonnées d'avoir préparé un attentat contre des musulmans pose la question de la résurgence de l'ultradroite en France, et de son degré de menace.

AFO. Ce nom ne vous dit sans doute rien, et pour cause: ce groupuscule d'ultradroite, dont 10 personnes ont été arrêtées samedi soir, était jusqu'ici inconnu du grand public. Mais son intention de nuire semble assez réelle pour que la DGSI passe à l'action et interpelle 10 de ses membres, soupçonnés d'avoir préparé un passage à l'acte contre des personnes de confession musulmanes.

Une arrestation qui a eu lieu avec le RAID, selon le spécialiste police-justice de BFMTV, Dominique Rizet, qui y voit "un signe de l'urgence de la situation". "Un homme a été arrêté alors qu'il dînait dans un restaurant à Versailles", ajoute-t-il: "une arrestation le week-end, le soir, c'est rare" pour la DGSI. 

"L'ultradroite n'attend que la confrontation"

Politologue spécialiste de l'extrême droite, Jean-Yves Camus nuance ces assertions: "on est au début de la garde à vue, il faudra attendre qu'elle se termine pour en savoir plus sur l'avancement du projet. Les coups de filet de la DGSI peuvent aussi être préventifs: parfois elle préfère tomber sur un groupe pas encore trop avancé dans ses projets, plutôt que le laisser se développer".

Pourtant, la menace est bien présente. En 2016, l'ancien patron de la DGSI Patrick Calvar était auditionné par les députés membres de la commission de défense. Son constat était accablant: "(…) l'ultradroite n'attend que la confrontation [avec l'islamisme radical]. (…) Eh bien cette confrontation, je pense qu'elle va voir lieu. Encore un ou deux attentats et elle adviendra. Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre, déclencher des affrontements intercommunautaires.". Pour lui, "la question relative à la menace n'est pas de savoir 'si', mais 'quand' et 'où'."

Des capacités "limitées"

Une analyse qui paraît d'actualité. Dans ses notes versées dans ce dossier et dont a eu connaissance l'AFP, la DGSI décrit le réveil de l'ultradroite en France avec des "groupuscules concurrents", "soudés" autour de la dénonciation d'une "islamisation de la France" et prospérant sur les craintes liées à la menace jihadiste.

Récemment, un autre groupuscule d'ultradroite, l'OAS, a d'ailleurs fait parler de lui: durant la période électorale de 2017, les services de renseignement ont en effet appris que ce groupuscule, menaçait de mort Jean-Luc Mélenchon, quatre députés de la France insoumise ainsi que le délégué général de La République en marche, Christophe Castaner. Toutefois, selon la DGSI, les "capacités opérationnelles" de ces groupuscules "apparaissent (...) limitées" compte tenu de leurs actions en "ordre dispersé".

Ariane Kujawski