Farid Benyettou se présente comme un repenti du jihad dans un livre
Lui que l'on surnommait "l'émir des Buttes-Chaumont" dit aujourd'hui être rangé du côté de la lutte contre la radicalisation. Farid Benyettou vient de sortir un livre de son expérience, co-écrit avec l'anthropologue Dounia Bouzar, et intitulé Mon djihad, itinéraire d'un repenti. Dans ces pages écrites avec la directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, il retrace son parcours.
C'était il y a treize ans. Ce fondamentaliste algérien, mis en cause dans un projet d'attentat en 1998, devient rapidement un "gourou" dans son quartier parisien. Là, il défend le jihad en Irak et ceux qui meurent en martyrs, qu"il décrit comme des "résistants" à "l'illégitime invasion américaine en terre d'islam". Et parmi ceux qui tendent l'oreille: Chérif Kouachi. L'un des deux frères responsables de l'attentat de Charlie Hebdo.
Six ans de prison
"L'émir des Buttes-Chaumont" est alors présenté comme le leader et le recruteur de la filière. En 2005, ce jeune homme de 23 ans est arrêté. Lors de son procès, aux côtés de six autres prévenus de la filière, il écope de six ans de prison.
Lui affirme que c'est en prison qu'il s'est déradicalisé. Lorsqu'il sort, il se retrouve sans emploi. Peu après, il obtient une bourse pour faire ses études d'infirmier, et semble en profiter pour couper les ponts avec ses anciennes connaissances.
Ancien infirmier à la Pitié-Salpêtrière
Les jours qui suivent les attentats de janvier 2015, on apprend que l'ex-mentor des Kouachi travaille aux urgences de la Pitié-Salpêtrière. Ici-même où sont accueillies les victimes de l'attentat commis par les deux frères. Il doit alors quitter son stage. Mais sera diplômé quelques semaines plus tard.
Mais lui assure alors qu'il a changé. Après l'attentat de Charlie Hebdo, il a contacté le numéro vert "Stop jihadisme" pour donner des informations aux enquêteurs. Sans réponse, ce dernier s'est même rendu au siège de la DGSI. Pendant des heures, il a raconté ses relations avec les frères Kouachi. Il leur a aussi dit qu'il a reconnu leurs voix sur BFMTV, confie-t-il à Médiapart.
Puis, il contacte Dounia Bouzar. Depuis ils travaillent ensemble pour prévenir la radicalisation des plus jeunes, contre l'avis de ses proches mais aussi contre celui du ministère de l'Intérieur.