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Terrorisme

Comment Lilian Lepère, resté caché pendant 8h30, a échappé aux frères Kouachi

Lilian Lepère sur France 2 lundi 12 janvier

Lilian Lepère sur France 2 lundi 12 janvier - France 2

Lilian Lepère est le graphiste de l'imprimerie de Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne, qui a passé plus de 8 heures caché avant que les forces du GIGN ne donnent l'assaut contre Saïd et Chérif Kouachi. A France 2, il a raconté le courage de son patron, sa peur et ses prises de risques jusqu'à "la libération".

Il est l'homme qui est resté caché 8 heures 30 sous un évier en "position foetale" pendant que les frères Saïd et Chérif Kouachi s'étaient retranchés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, vendredi en Seine-et-Marne. Pendant tout ce temps il a utilisé son téléphone portable pour renseigner les forces de sécurité positionnées avant l'assaut.

"Je voulais dire merci à mon patron, c'est lui qui m'a donné les secondes nécessaires pour me cacher. Si les frères Kouachi m'avaient découvert, peut-être qu'ils nous auraient gardé jusqu'à la fin", a témoigné Lilian Lepère sur France 2 après avoir écouté, les larmes aux yeux, les mots de son directeur, prêt à se sacrifier pour lui. "La première chose qu'il m'a dit c'est 'ils ont des kalachnikovs'. A partir du moment où je me suis caché, je n'avais plus que mes oreilles".

L'un des deux "se trouvait à 50cm de moi"

De sa cachette, s'il faisait un bruit, "cela tapait dans le mur de la salle où (les frères Kouachi) se trouvaient", explique le jeune graphiste. "L'un des deux est venu et a ouvert le placard juste à côté du mien avant de boire un verre d'eau juste au-dessus de ma tête. Il se trouvait à 50 centimètres de moi. Il boit sur l'évier juste au-dessus de moi, j'entends l'eau couler, je sens le siphon couler sur moi", se remémore-t-il avec de nombreux détails sur un ton étonnamment posé et calme.

"Mon premier réflexe est de mettre le silencieux"

Vient ensuite le temps de communiquer avec les services d'intervention qui entourent le site de l'imprimerie. "Avec cette position, je ne pouvais pas bouger pour prendre mon téléphone. Mais à un moment, il faut prendre des risques. (...) Mon premier réflexe est de le mettre en silencieux pour éviter les vibrations" contre lesquelles il a bataillé une partie de la matinée, à chaque fois qu'un proche a tenté de le contacter.

C'est son beau-frère qui est avec la police qui répond à l'un des SMS envoyés par Lilian Lepère. "Là, le moral remonte, explique-t-il. Ce sont les premières larmes et les premiers tremblements".

L'assaut? "C'est la libération"

Aux hommes du GIGN, "j'ai pu donner le maximum de renseignements", raconte-t-il. J'imaginais que mes deux collègues étaient pris en otage". Lilian Lepère dit aussi avoir rapidement fait le rapprochement avec les frères Kouachi dont le dernier signalement n'était pas très éloigné.

"Au moment de l'assaut, mon premier sentiment, c'est la libération", se souvient le jeune homme, évoquant sa "douleur immense, aux fesses, aux jambes, au dos, partout". Puis vient "un appel du GIGN qui me dit de ne pas bouger, mais je n'ai pas obéi, je me suis installé à l'autre bout de la pièce pour ne pas être blessé en cas d'explosion". Après un débrief rapide avec "ses sauveurs", Lilian Lepère a retrouvé sa famille mais sans pouvoir manifester dimanche. Pour sa première intervention télévisée ce lundi soir, Lilian Lepère a tenu à rendre hommage aux familles des victimes. Celles "qui n'ont pas eu sa chance".

S.A.