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Terrorisme

Cérémonie d'hommage: "C'était important d'être là", confie un rescapé

Comment les familles de victimes, leur proches, les rescapés des attentats ont-ils vécu la cérémonie d'hommage aux victimes des attaques? BFMTV les a interrogés.

Quelques minutes d'hommage pour apaiser les douleurs. Ils étaient "la jeunesse de France", ils étaient "le visage de la France": deux semaines jour pour jour après les attentats de Paris et de Saint-Denis, François Hollande a rendu hommage ce vendredi aux Invalides aux 130 morts et aux centaines de blessés de ces attaques jihadistes sans précédent. Proches de victimes, rescapés, ils ont vécu ce matin aux Invalides une étape très solennelle dans leur chemin de deuil. Certaines familles n'ont pas souhaité participer à ce moment officiel, pour d'autres, cela a été un moment d'apaisement

"Cela m'a apaisée"

"Contrairement à ce que je pensais, cela m'a apaisée. C'est un très bel hommage", a confié Nelly Minvielle, dont le fils Yannick, 39 ans, est mort au Bataclan le 13 novembre. Elle est venue aux Invalides ce vendredi avec le son petit-fils. "Je voulais qu'il voie l'hommage qu'on rendait à toutes les victimes, pas qu'à mon fils" a-t-elle expliqué à BFMTV.

"Je ne suis hélas pas seule (...), nous sommes des milliers à être en colère", a poursuivi Nelly Minvielle.

Mais "je pense que ce n'était pas le moment de la faire exploser, (...) il faut que tous ceux qui sont en colère se rejoignent(...) qu'on entende notre colère et qu'on réagisse à cette colère. Vite, avant qu'une autre catastrophe humaine se reproduise", a-t-elle continué.

"De petits moments auxquels se raccrocher"

Nathalie Dessay, qui a interprété Perlimpinpin, de Barbara, pendant l'hommage a expliqué sur BFMTV qu'elle tenait à prendre en compte "les vivants qui sont là" et pour qui "il ne reste plus que ces petits moments auxquels s'accrocher tellement la douleur est intense. C'est notre responsabilité de procurer ces petites cordelettes auxquelles se raccrocher, mais ce n'est rien", regrette la chanteuse.

"Je ne pouvais pas concevoir de ne pas y être"

Cédric Rizzo, rescapé du Bataclan, qui a perdu un ami lors de l'attaque, a trouvé ce moment de recueillement "difficile, très difficile même par moments". L'affichage sur grand écran des visages des victimes a été particulièrement éprouvant. "Ca fait mal quand on voit tous ces jeunes gens", raconte-t-il.

"C'était super important d'être là, je ne pouvais pas concevoir de ne pas y être", témoigne-t-il en regrettant que certains rescapés n'aient pas été conviés.

"Il y a peut être eu des ratés dans l'organisation. C'est dommage, je sais qu'il y en a qui en ont souffert", explique-t-il. La cérémonie lui a aussi permis de retrouver des amis qu'il n'avait pas vus depuis le 13 novembre "et ça m'a fait beaucoup de bien de les revoir, de pouvoir les serrer dans mes bras", a témoigné Cédric Rizzo. Il a refusé de juger les familles qui ont décidé de boycotter l'hommage, préférant "les soutenir de toutes nos forces".

"La première fois que je pleurais sur la Marseillaise"

Yasser Bensalaha, lui aussi, a vécu les attentats, il a été blessé et a frôlé la mort. Il était présent à l'hommage même s'il comprend la colère de certaines familles, il a hésité à rester dans la cour des Invalides. Il est resté pour rendre hommage aux victimes. "Je me suis senti comme dans une seule famille", expliquait-il finalement ce vendredi soir sur BFMTV. "On était tous unis", "mais c'était très, très, très émouvant. C'est la première fois que je pleurais sur la Marseillaise", explique-t-il. 

"Une cérémonie essentielle"

Franck était au bar la Belle équipe lors de la fusillade. Sa présence aux Invalides "est une manière de dire: 'on est là, on est avec vous, on a mal avec vous, on pleure avec vous'", a-t-il témoigné au sujet des proches de victimes. Estimant avoir participé à "une cérémonie essentielle" il a jugé que la déclaration de François Hollande et son incitation à sortir dans les salles de spectacles lui a mis "du baume au coeur". "Même si c'est naïf, je trouve que cela fait du bien, beaucoup de bien", a-t-il résumé.

"Je m'attendais à plus de mesures concrètes"

Abdallah Saadi a perdu ses deux soeurs Halima et Hodda, tuées à la terrasse de ce même bar, la Belle Équipe. Après l'hommage, il a regretté que François Hollande n'annonce pas "plus de mesures concrètes" pour éviter que de tels événements se reproduisent. Il a également souligné que le chef de l'État n'avait exprimé aucun mea culpa, "parce qu'on sait qu'il y a quand même eu un certain nombre de laisser-aller".

"C'est un hommage, mais maintenant, qu'est-ce-qu'on fait de manière réelle?", interroge le jeune homme.

"On a l'impression qu'à aucun moment on se remet en question, ne serait-ce que s'excuser auprès de familles de victimes ou de blessés", a-t-il déploré.

A. D.