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Terrorisme

Attentats de Paris: "C'est évident qu'il y a eu des failles", estime l'ex-juge Bruguière

Jean-Louis Bruguière, ex-figure de la lutte contre le terrorisme, assure que la présence d'une nébuleuse jihadiste en Europe n'est pas nouvelle. Le plus inquiétant, selon lui, est "l'importation d'un gros jihad" sur notre territoire.

Il a passé des années à s'occuper d'affaires de terrorisme. L'apparition du nom des frères Kouachi en janvier dernier lors de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo ne l'a pas surpris. "C'étaient des gens que j'avais vu, qui avaient été mis en examen et impliqués dans l'affaire des Buttes Chaumont", raconte lundi soir l'ancien juge Jean-Louis Bruguière.

Invité sur BFMTV, il est revenu sur les attentats qui ont touché Paris il y a dix jours et sur la préparation de ces actes depuis la Belgique, semble-t-il. "Ce n'est pas une nouveauté, il y avait une nébuleuse européenne, affirme celui qui s'est occupé de l'anti-terrorisme à partir de 1994. Cette mouvance islamique était traditionnellement sur la Belgique, l'Allemagne, un peu l'Italie du Nord et les Pays-Bas."

"Tous ces réseaux se déplaçaient très librement", poursuit-il.

Aucun loup solitaire

Si l'existence de filière jihadiste existe depuis des années sur le territoire européen est confirmée depuis des années, le mode d'action a, lui, grandement évolué. "Aujourd'hui, il y a beaucoup moins de réseaux car la radicalisation est plus rapide et les individus peuvent passer à l'acte pratiquement seul", commente Jean-Louis Bruguière. Il explique que ces jihadistes peuvent passer d'une organisation terroriste à une autre du moment que celle-ci lui permet d'agir.

Fort de ce constat, l'ex-juge anti-terroriste écarte toute hypothèse d'un "loup solitaire" comme Mohamed Merah a pu être présenté: "On le voit bien dans les enquêtes, il y a toujours quelqu'un qui fournit une arme ou quelqu'un qui est Syrie qui va conseiller."

"La seule chose c'est qu'il n'y a plus de contact physique parce que tout se fait virtuellement."

Faille de l'Union européenne

Cette structuration permise par les nouvelles technologies permet désormais à Daesh d'"exporter du gros jihad". "Avec les attentats de Paris, on passe à quelque chose de massif avec une planification qui se fait en Syrie dans l'état-major et une organisation opérationnelle qui va se faire en Belgique", analyse Jean-Louis Bruguière, qui s'inquiète du "modus operandi nouveau" avec l'envoi de kamikaze sur le territoire français.

"C'est évident qu'il y a eu des failles, le problème est de savoir où il y a eu des failles. Et pour moi, le problème de la faille c'est surtout l'Union européenne", lance l'ancien magistrat.

En choisissant comme base la Belgique ou un autre pays tiers, les jihadistes estiment être plus à l'abri sans détection suffisante entre les Etats. "Il a des ruptures", confirme Jean-Louis Bruguière. Et de conclure: "il va falloir repenser le système pour fonctionner en temps réel".

J.C.