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Terrorisme

Attentat déjoué à Argenteuil: "un arsenal d’une ampleur inédite" découvert

Après avoir été mis en examen mercredi après-midi, Reda Kriket, soupçonné d'avoir atteint un stade avancé de préparation d'un attentat en France, a été placé en détention provisoire. Dans la cache qu'il avait louée à Argenteuil, les policiers ont mis la main sur un arsenal de guerre glaçant.

L'attentat était imminent. Le procureur de Paris, François Molins, s'est exprimé mercredi soir après la mise en examen de Reda Kriket, principal suspect dans un projet d'attaque terroriste en France. Annonçant le placement en détention provisoire de cet homme âgé de 32 ans, le procureur a également fait la liste de l'ensemble des armes et matériels découverts dans sa planque à Argenteuil, dans le Val-d'Oise.

Montrant le stade d'avancement de ce projet attentat déjoué et la nouvelle menace qui pesait ainsi sur la France, François Molins a détaillé "un arsenal d’armes et explosifs d’une ampleur inédite", retrouvé dans l'appartement perquisitionné jeudi dernier, après la découverte d'un trousseau de clés sur Reda Kriket, au moment de son interpellation à Boulogne-Billancourt.

La découverte de "l'arsenal constituait à l’évidence les préparatifs d’une action terroriste imminente", livre dans un constat glaçant le procureur de Paris. Les investigations "ont permis d'éviter la commission d'actions d'une extrême violence par un réseau terroriste prêt à passer à l'acte" et ce même si "aucune cible précise n'a pu être identifiée".

Glycérine, acide, TATP...

Dans le détail, ce sont d'abord des substances et du matériel permettant de fabriquer des explosifs qui ont été retrouvés dans le logement: trois bouteilles d’eau oxygénée, de l'acétone, 105 grammes de TATP (un puissant explosif), deux bidons contenant de l’acide, un récipient de type bécher, des thermomètres, des doseurs, une seringue, des balances électroniques, mais aussi des masques et gants de protection.

Ce n'est pas tout: François Molins mentionne également la découverte de six fioles de glycérine, 1,3 kilo d'explosifs industriels, mais aussi de "matériel électronique", comme "un détonateur à seringue rempli de poudre avec alimentation électrique prêt à l’emploi", et quatre cartons remplis de milliers de billes en acier. 

Kalachnikov et faux passeports

Dans un coffre-fort, des armes venaient compléter cet arsenal de guerre. Ainsi, cinq kalachnikov et leurs chargeurs, un pistolet-mitrailleur, sept armes de poing, une bombe lacrymogène et de très nombreuses munitions ont été saisies par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Outre ces armes, "cinq passeports volés", "sept téléphones portables", dont certains encore dans leur emballage et deux ordinateurs qui contenaient de "la documentation en lien avec des groupes jihadistes et sur la fabrication artisanale d'engins explosifs" ont été saisis.

Cette cache était louée depuis l'été 2015 "sous une fausse identité" par Reda Kriket, a précisé François Molins, et le suspect payait son loyer "en argent liquide". Au cours de sa garde à vue, qui a duré six jours, "une durée exceptionnelle justifiée par les investigations à l'étranger mais aussi par la menace terroriste que l'homme constitue, ce dernier a expliqué aux enquêteurs avoir loué le logement "à la demande d'un tiers".

"Je ne suis pas un terroriste"

Reda Kriket assure également que c'est cette autre personne, dont il a tu le nom, qui a entreposé du matériel chimique et des armes. Cette opération aurait eu lieu "sept à dix mois auparavant". Le suspect de 32 ans a reconnu avoir acheté du matériel de chimie, des passeports à Barbès, dans le XVIIIe arrondissement mais confie qu'il n'est "pas un terroriste". Il a expliqué avoir hébergé Anis Bahri, ce Français interpellé à Rotterdam samedi à la demande de la France.

Reda Kriket et Anis B. aurait voyagé en Syrie entre "fin 2014 et début 2015". La procédure judiciaire, menée par deux juges d'instruction anti-terroriste, a débutée au cours du mois de novembre 2015. Elle fait suite à l'expulsion d'un individu de Turquie qui a été mis en examen du chef d'"association de malfaiteurs terroristes". En poursuivant leurs investigations, les enquêteurs ont fait un lien entre cet homme et Anis Bahri puis avec Reda Kriket. Depuis leur retour de Syrie, les deux complices étaient suspectés de réaliser des allers-retours entre la France, la Belgique et les Pays-Bas. Un mandat de recherche était alors lancé à l'encontre d'Anis Bahri le 24 décembre 2015 et à l'encontre de Reda Kriket le 14 janvier 2016.

Justine Chevalier