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Terrorisme

Attentat de Nice: une policière mise sous pression par le ministère de l'Intérieur?

Selon une policière municipale en charge d'écrire un rapport sur le dispositif de sécurité installé le soir de l'attentat de Nice, le ministère de l'Intérieur lui aurait fait subir des pressions, révèle le JDD. Le but? Rédiger deux versions du rapport.

La polémique sur le dispositif de sécurité mis en place à Nice le soir de l'attentat qui a fait 84 morts sur la Promenade des Anglais continue. Une policière municipale en charge de la vidéosurveillance assure au JDD avoir reçu des pressions de la part du ministère de l'Intérieur pour modifier son rapport.

"Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l'Intérieur a envoyé un commissaire au CSU (centre de supervision urbain) qui m'a mise en ligne avec la Place Beauvau", raconte Sandra Bertin, chef du CSU. 

Deux versions du rapport transmises au ministère

"J'ai alors eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte rendu signalant des points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité", ajoute la secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice.

"Je lui ai répondu que je n'écrirais que ce que j'avais vu. Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par e-mail une version modifiable du rapport, pour 'ne pas tout retaper'. J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran.", poursuit la policière municipale. 

Finalement, Sandra Bertin envoie les deux versions de son rapport puis "quelques jours plus tard, la sous-direction antiterroriste m'a demandé d'effacer les bandes des six caméras que j'ai mentionnées dans mon rapport, celles qui ont filmé la tuerie", poursuit-elle.

L'effacement des images a bien été demandé par la sous-direction antiterroriste. Son but: éviter les fuites et la diffusion d'images de l'attentat. La Ville de Nice a refusé de répondre à la demande. 

Remise en cause du dispositif de sécurité

Jeudi, Libération affirmait que Christian Estrosi et le gouvernement avaient menti sur la réalité du dispositif de sécurité mis en place ce soir-là. Le journal assurait que les policiers municipaux avaient été relevés de leurs fonctions vers 20h30, ne permettant pas de bloquer la chaussée par des voitures de police.

Le quotidien a révélé une image de vidéosurveillance fournie par une source policière, montrant que de simples barrières et un policier municipal bloquaient l'accès à la route. Bernard Cazeneuve a démenti, estimant que l'enquête de Libération "emprunte aux ressorts du complotisme". 

Le ministère de l'Intérieur a saisi jeudi, l'Inspection générale de la police nationale "d'une évaluation technique du dispositif de sécurité et d'ordre public" mis en place à Nice le soir du 14 juillet.

M.L. avec AFP