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Police-Justice

Tariq Ramadan mis en examen et placé en détention provisoire

L'islamologue controversé Tariq Ramadan a été mis en examen pour viol et viol sur personne vulnérable ce vendredi soir et a été incarcéré.

L'islamologue contesté, Tariq Ramadan, 55 ans, a été mis en examen vendredi soir pour viol et viol sur personne vulnérable. Selon nos informations, il a toutefois sollicité un débat différé sur ce placement. Il aura donc quatre jours pour préparer ses arguments avec son avocat avant de se présenter, à l'issue de ce laps de temps, devant le juge des libertés et de la détention qui décidera alors de son maintien ou non en détention. En attendant, il a été incarcéré. 

Des faits qui auraient été commis en 2009 et 2012 

Cette issue intervient après deux jours de garde à vue pour ce théologien musulman souvent décrié. Les deux plaintes qui le visent reposent sur des faits présumés qui auraient été commis en France en 2009 et 2012. La première à avoir porté plainte, Henda Ayari, ancienne pratiquante salafiste devenue militante féministe l'accuse de l'avoir violée en 2012 ans un hôtel parisien, en marge d'un congrès de l'UOIF.

La défense de l'intellectuel a versé au dossier des échanges sur Facebook censés discréditer la parole de cette ancienne salafiste devenue militante féministe. "S'il y a d'autres victimes en France ou ailleurs, elles savent maintenant que la justice peut prendre en compte ce qu'elles ont vécu", a réagi maître Jonas Haddad, avocat d'Henda Ayari, après l'annonce de la mise en examen. 

La seconde plaignante, qui a apporté son témoignage sur BFMTV sous le pseudonyme de Christelle, dit quant à elle avoir été victime du même homme en octobre 2009, dans un hôtel situé à Lyon où l'islamologue donnait alors une conférence. Elle a décrit une scène d'une grande violence dans la chambre de celui-ci: "C'est des coups, des violences sexuelles, des mots ignobles, d'une vulgarité sans nom. Je hurlais au secours, je hurlais 'non' et plus je hurlais, plus il cognait."

Une confrontation décisive 

Lors d'une confrontation longue de trois heures entre cette dernière et son violeur présumé ce jeudi, dans un climat de tension, la plaignante a mis en difficulté Tariq Ramadan en révélant qu'il portait une cicatrice à l'aine. Le théologien a par ailleurs refusé de signer le procès-verbal de l'audition. 

"Après une enquête minutieuse de trois mois, une garde à vue de 48 heures, une confrontation avec ma cliente qui a permis de confondre Tariq Ramadan sur certains points, on a franchi une étape importante avec cette double mise en examen", a commenté maître Eric Morain, conseil de "Christelle". 

Trois juges d'instruction ont été désignés, selon des sources concordantes. Cette étape pourrait décider des femmes ayant témoigné anonymement à déposer plainte à leur tour.

Ramadan rejette les accusations 

Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans Hassan el-Banna, a rejeté en bloc les deux accusations. A la fin du mois d'octobre, son avocat annonçait avoir porté plainte pour dénonciation calomnieuse. 

En trois mois d'enquête, les policiers ont auditionné les plaignantes et d'autres possibles victimes. Ils ont aussi recueilli de nombreux échanges à caractère érotique, témoignant d'un libertinage en contradiction avec le discours religieux affiché par l'intellectuel.

L'affaire ayant également fait resurgir des accusations d'agressions sexuelles sur ses élèves à Genève dans les années 1990, Tariq Ramadan s'est mis en congé d'un commun accord de l'université britannique d'Oxford, où il enseignait comme professeur d'Etudes islamiques contemporaines. Il continue toutefois de diriger un Institut islamique de formation à l'éthique (IIFE) à Paris.

R.V. avec Alexandra Gonzalez et AFP