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Police-Justice

Surpeuplée, la prison de Villepinte n'acceptera plus de condamnés

Le taux d’occupation de la prison de Villepinte a atteint le record de 201%. Un chiffre alarmant qui a poussé la directrice de l’établissement à se tourner vers la justice mardi.

Matelas à même le sol, quatre dans des cellules de 9m2… Les 1.132 détenus de la prison de Villepinte se marchent sur les pieds. Cette maison d’arrêt de Seine-Saint-Denis a atteint un record d’occupation de 201%.

"Le partenaire privé n’arrive pas à suivre pour les repas le midi, les cantines, le sport, le médical, ils ne peuvent pas avoir de consultations facilement", a déploré sur BFMTV Philippe Kuhn, délégué régional du syndicat de surveillants SPS.

"Plus en capacité d’accueillir des détenus"

Cette situation alarmante a poussé la directrice de l’établissement à réagir. Elle a prévenu la justice mardi, assurant que le maison d'arrêt ne pouvait plus accueillir de nouveaux détenus.

"La directrice a sollicité la justice pour qu'on trouve des solutions, comme des libérations conditionnelles ou des aménagements de peine" (bracelets électroniques, etc.) car la maison d'arrêt de Villepinte, qui héberge 1.132 détenus, "n'est plus en capacité physiquement d'en accueillir", a indiqué une source judiciaire.

Une décision "assez rare" mais "malheureusement le cas de la situation de Villepinte n'est pas exceptionnel. Il y a une surpopulation importante sur l’ensemble des maisons d’arrêt de France, et en particulier en Île-de-France où il y a des taux d’occupation qui frôlent les 110%", a assuré sur BFMTV Cécile Marcel, directrice française de l’Observatoire international des prisons.

"On sature"

Le gouvernement a annoncé la construction de 33 nouvelles prisons, un plan de trois milliards d'euros qui semble ne pas répondre à l’urgence de la situation. Philippe Kuhn se dit sceptique quant à sa réalisation au vu de l'absence de terrain disponible en région parisienne, selon lui.

"Ca va prendre quelques temps, ça ne va pas être tout de suite. Qu’est-ce qu’on va faire maintenant? C’est dès maintenant qu’il faut faire quelque chose parce que là on ne peut plus, on sature de tous les côtés", s’est-il insurgé.

En Île-de-France, "on n'est pas dans une situation où l'on refuserait des détenus", a toutefois nuancé un responsable de l'administration pénitentiaire, parlant d'une "gestion au fil de l'eau, sur l'ensemble des maisons d'arrêt, en fonction de la situation de saturation des établissements de la région". Au 1er janvier, il y avait 69.430 détenus pour 58.664 places disponibles. Un véritable record.

Julie Breon avec AFP