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Police-Justice

Suicides à France Télécom: quatre cadres mis en examen

Un homme entre en 2009 dans une agence France Télécom, à Annecy, en Haute-Savoie, où un salarié s'était suicidé. (photo d'illustration)

Un homme entre en 2009 dans une agence France Télécom, à Annecy, en Haute-Savoie, où un salarié s'était suicidé. (photo d'illustration) - Jean-Pierre Clatot - AFP

Trois cadres de France Télécom ont été mis en examen au cours de cette semaine pour complicité de harcèlement moral, et un quatrième devrait être mis en examen ce vendredi soir, dans le cadre de l'enquête sur la vague de suicides qui avait touché les salariés de l'entreprise, à la fin des années 2000.

Trois cadres de France Télécom (devenu Orange) ont été mis en examen pour complicité de harcèlement moral cette semaine dans l'enquête sur la vague de suicides parmi les salariés de l'opérateur téléphonique en 2008 et 2009, a-t-on appris ce vendredi de source judiciaire.

Une quatrième devait également être mise en examen du même chef vendredi soir, a ajouté une source proche du dossier.

"Harcèlement moral institutionnel"

Cette enquête vaut à l'ancien patron de France Télécom, Didier Lombard, d'être mis en examen pour harcèlement moral depuis juillet 2012. Il avait quitté la direction opérationnelle du groupe en mars 2010.

Le groupe lui-même est poursuivi depuis cette date, une mesure inédite pour une entreprise du CAC 40. Une première qui ouvrait la voie, aux yeux de juristes, à la reconnaissance d'un "harcèlement moral institutionnel".

L'ancien bras droit de Didier Lombard, Louis-Pierre Wenes, et l'ex-directeur des ressources humaines, Olivier Barberot, sont aussi mis en examen.

L'enquête touche à sa fin

Déclenchée par une plainte syndicale et un rapport de l'inspection du travail, l'enquête des juges, ouverte au printemps 2010, touche à sa fin, selon des sources proches du dossier.

"Il ne faudrait pas que les décideurs se retrouvent exonérés de leurs responsabilités par la mise en cause de serviteurs zélés", a mis en garde vendredi l'avocat des syndicats CFE-CGC et Unsa, Me Frédéric Benoist.

Il a dit ses craintes que "ces dernières mises en examen ne donnent de l'espoir aux trois dirigeants" poursuivis qui pourraient être tentés de "minimiser leurs responsabilités". Selon les syndicats et la direction, 35 suicides de salariés de l'entreprise se sont produits en 2008 et 2009.

Ils sont intervenus dans un contexte de réorganisation de l'entreprise et de réduction d'un personnel composé en grande partie de fonctionnaires, après l'ouverture du marché à la concurrence. L'entreprise, engagée dans des restructurations, a notamment supprimé 22.000 postes entre 2006 et 2008 et procédé à 10.000 changements de métier durant cette même période.

A.S. avec AFP