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Police-Justice

Suicide de Lucas: Charlotte Caubel appelle à "une prise de conscience de tout le monde" sur le harcèlement

Pour la secrétaire d'État chargée de l'enfance, la lutte contre le harcèlement scolaire et numérique doit aussi passer par les familles. Elle a souligné ce samedi sur BFMTV la nécessité "des marches de la colère", alors qu'une marche blanche en hommage à Lucas est prévue dans les Vosges d'ici à la fin du mois.

En tant que secrétaire d'État chargée de l'enfance, sa prise de parole était attendue. Après son collègue de l'Éducation Pap Ndiaye, qui a évoqué un "drame épouvantable", Charlotte Caubel s'est exprimée samedi sur la lutte contre le harcèlement scolaire, une semaine après le suicide de Lucas, 13 ans.

Le jeune garçon a mis fin à ses jours samedi 7 janvier à son domicile, à Golbey, près d’Épinal (Vosges). Un suicide sur fond de harcèlement scolaire et d’homophobie. Cette situation avait été pointée du doigt par les parents.

"Le harcèlement scolaire tue. Il tue souvent, trop souvent", a dénoncé Charlotte Caubel sur BFMTV.

Alors qu'un enfant sur dix se dit victime de harcèlement à l'école, la secrétaire d'État a ajouté, comme pour rendre compte de ce fléau massif, qu'"un million d'enfants par an" sont concernés. "C'est un drame, c'est effroyable, et il faut que tout le monde s'en saisisse", a-t-elle demandé.

La représentante du gouvernement sur les questions de l'enfance a souhaité rappeler ce qui existe déjà en matière de lutte contre le harcèlement, comme les "numéros de téléphone auprès desquels les victimes peuvent appeler". Le 3020 pour le harcèlement scolaire, le 3018 pour le harcèlement numérique.

"Quand je dis les victimes, ça peut aussi être les témoins (...) Il faut alerter: les enfants, les professeurs, les familles...", a ajouté Charlotte Caubel.

"Il faut bien sûr accompagner les harcelés mais aussi les harceleurs. L'école a mis en place des médiations pour rapprocher harcelées et harceleurs. Les harceleurs peuvent devenir harcelés, il ne faut pas l'oublier", a-t-elle également souligné.

"Je ne pense pas qu'on naît homophobe"

Pour Charlotte Caubel, la responsabilité est aussi celle des parents, qui doivent pouvoir repérer "chez leurs enfants des comportements de victime ou d'auteur". Et la secrétaire d'État de mettre l'accent sur l'éducation et les valeurs inculquées.

"Les enfants font en général ce qu'ils constatent ou ce qu'ils subissent. La violence dans les familles, les enfants la voient, la subissent et la reproduisent", a rappelé Charlotte Caubel.

"Je ne pense pas qu'on naît homophobe, les enfants ne naissent pas comme ça, c'est donc qu'ils ont entendu ça (...) Il est extrêmement important que les adultes soient exemplaires", a-t-elle martelé.

Mais le problème vient également du numérique, facteur aggravant du harcèlement scolaire, selon elle. "Les téléphones sont interdits mais comme vous le savez, faire respecter cette interdiction n'est pas toujours simple", a admis Charlotte Caubel.

Elle a ajouté que "le temps de la discrimination a dépassé les limites de l'école", donnant l'exemple des groupes WhatsApp d'aide aux devoirs, qui deviennent lieu de moqueries et d'insultes. Charlotte Caubel a donc appelé à "une prise de conscience de tout le monde" sur les risques du numérique.

"Plus jamais ça!"

Alors qu'une marche blanche aura lieu à la fin du mois, la représentante du gouvernement a aussi souligné la nécessité de faire "des marches de la colère", pour dire "plus jamais ça !".

Sur la responsabilité des enfants harceleurs, Charlotte Caubel s'en est référée au Code pénal. "Quand ils ont l'âge d'être discernants (13 ans), il faut les sanctionner à la hauteur de leurs responsabilités", a-t-elle expliqué. Elle a ajouté que, dans l'affaire de Lucas, "l'enquête décidera de qui a fait quoi".

Les obsèques civiles du jeune Lucas se sont par ailleurs déroulées ce samedi à 17 heures à la chambre funéraire d'Épinal. Le souhait de la famille de voir les personnes porter un signe LGBT a été respecté. Un important dispositif policier avait été mis en place pour éviter que la presse ne s'approche de la famille.

La crémation aura lieu lundi 23 janvier à 14h15 à Épinal. Quant à la marche blanche prévue à la fin du mois, elle aura sans doute lieu le dernier week-end de janvier.

Si un élève est victime de harcèlement scolaire, lui ou ses proches peuvent contacter le 3020, le numéro national de référence. La personne ou ses proches peuvent contacter gratuitement ce numéro d'écoute et de prise en charge.

L.B