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Police-Justice

Suicide de la policière de Cagnes : le commissaire mis hors de cause

Si les enquêtes internes ont démontré que la hiérarchie de la policière n’était pas en cause, les syndicats de gardiens de la paix font bloc pour demander la mutation du commissaire

Si les enquêtes internes ont démontré que la hiérarchie de la policière n’était pas en cause, les syndicats de gardiens de la paix font bloc pour demander la mutation du commissaire - -

Début juillet, Nelly, une policière de Cagnes-sur-Mer s'est suicidée, mettant en cause sa hiérarchie. Après enquêtes, l'administration a mis hors de cause son supérieur. Mais les policiers des Alpes-Maritimes demandent la mutation de ce commissaire. Sur RMC ce mardi, le compagnon de Nelly témoigne.

Nelly, policière de 39 ans, s'est suicidée avec son arme de service, dans sa voiture de service. Dans une lettre retrouvée sur elle, elle a mis en cause les réformes de la police et la pression du chiffre pour expliquer son geste. Elle nommait même son supérieur, commissaire : « Merci à M. G. [ndlr, le commissaire]... Merci pour ma mutation-punition, je le ressens comme ça ». Demandant le départ dudit commissaire, les différentes organisations se sont regroupées en intersyndicale et se sont mises en grève. Soudées, elles expriment cette volonté en n'assurant qu’un service minimum – réponse aux appels urgents uniquement - depuis ce lundi.

Si les enquêtes internes ont démontré que la hiérarchie de la policière n’était pas en cause, les syndicats de gardiens de la paix font bloc pour demander la mutation du commissaire, qui devait normalement reprendre son poste le 8 août, après ses vacances. Mais rien n’est plus sûr, selon certaines sources qui expliquent qu’il pourrait être muté.

« Pourquoi ce geste si ce n’est pas en rapport avec le travail ? »

Aucune faute n'est retenue contre le commissaire, aucun dysfonctionnement de la hiérarchie. Des conclusions que Franck, le compagnon de Nelly, ne peut admettre : « Moi je vis dans la douleur depuis un mois, qu’avec une photo et une bougie tous les jours en souvenir de ma femme que j’aimais plus que tout. Ça reflète un petit peu le fonctionnement de cette hiérarchie : j’attendais cette réponse depuis un mois et finalement j’apprends, non pas par eux mais par le journal, que l’enquête discrédite toute responsabilité de la hiérarchie. Cela signifierait que ce n’est pas par rapport au travail ? Alors qu’on vienne m’expliquer pourquoi elle l’a fait de cette façon-là ? Pourquoi elle a laissé un tel mot ? Et pourquoi elle a fait ce geste si ce n’est pas en rapport avec le travail ? ».

« Permettre le retour du chef de service, c’est irrespectueux et c’est indécent »

Puisque leur hiérarchie l’a mis hors de cause, pourquoi demander la mutation du commissaire ? Pour Laurent Martin de Freimont, délégué départemental du syndicat SGP Unité Police, la réponse est claire : « Nos collègues dans leur immense majorité nous ont dit qu’ils ne pourraient plus croiser le regard de ce chef de service. Nelly, elle a perçu son arme de service, elle a utilisé un véhicule de service, et elle s’est donné la mort. Sur des papiers à en-tête de l’administration, elle a écrit les raisons de son geste. Et pour la première fois, une de nos collègues ne fait état que de problèmes liés au travail en pointant du doigt son chef de service. Permettre le retour du chef de service, c’est irrespectueux et indécent ».

« Mettre en cause ceux qui ont eu de bons résultats, c’est un peu facile »

Ce n’est pas l’avis de Jean-Paul Mégret, secrétaire national du Syndicat indépendant des commissaires de police. Selon lui, le commissaire n’a rien à se reprocher : « Il y a eu un certain nombre d’audits par la direction centrale de la sécurité publique, par l’inspection général de la police nationale. Ces enquêtes ont pu démontrer qu’il n’y avait pas de faute de l’ensemble de l’équipe de commandement et au premier chef, le commissaire de police. C’est un commissariat où il y a pas mal de travail et où, d’après ce qu’on sait, l’équipe de commandement et le commissaire de police ont essayé d’optimiser le boulot pour pouvoir améliorer les réponses que l’on donnait à la population. Quoi de plus normal ? Et puis, d’un coup, on considère que ceux qui ont eu de bons résultats doivent être mis en cause. On trouve ça un petit peu facile ».

La Rédaction avec Claire Andrieux